Femmes regardées dans la rue comme des bouts de viande, couples brisés, attention professionnelle phagocytée par “l’obsession de la branlette” : à y regarder de plus près le porno n’est pas si anodin qu’on voudrait nous le faire croire et génère peut-être plus de souffrances que de plaisirs.
Une voix s’élève pour dénoncer les graves conséquences que peut entraîner une dépendance au porno, dépendance dont on sous-estime certainement le nombre de personnes touchées directement et… indirectement.
Le porno dans la société : état des lieux :
“Pourquoi refuser de voir que depuis vingt ans que le porno s’est généralisé, notamment avec l’arrivée d’Internet dans les foyers, certaines pratiques jusqu’alors très minoritaires sont presque devenues la règle ?”
” La pornographie, en nous bombardant d’images de jeunes filles hyper sexualisées, a affecté la culture en profondeur. Son influence domine les désirs, les fantasmes, mais également les pratiques sexuelles et corporelles.[…]Ces nouvelles normes corporelles apparues des années 1990 nous viennent directement de l’industrie pornographique. C’est pourquoi je suis aujourd’hui très inquiet pour la jeune génération, née dans le porno, dont c’est le lieu principal d’éducation sexuelle. Les études au Canada montrent que la consommation de porno commence aujourd’hui dès 13 ans. Les conséquences seront grandes dans les années à venir. […]Pour moi, le plus important est de s’attaquer au porno. Or, on n’y touche jamais. On s’empêche d’y toucher, car pour beaucoup, le porno est assimilé à la liberté d’expression. Son explosion dans les années 1990 s’est faite en parallèle du triomphe de la valeur néolibérale. Pas question, depuis, de le réglementer.”
Ex-accro au porno : il prône le sevrage total et dénonce une industrie qui ruine la vie de millions de gens :
” Les discours du type “la pornographie c’est libératoire” sont petit à petit en train de prendre du plomb dans l’aile [même si] une partie des membres de la classe scientifique remet en cause l’existence de la porno-dépendance”Florent Badou
“l’humanité c’est la sensibilité, l’intelligence, l’empathie et surtout la notion de lien. Tout cela est broyé dans le porno.”
“dans le top 10 des mots-clefs relatifs au porno se trouvent les tags “douleur”, “sexe forcé”, “sexe entre père et fille” le numéro un planétaire étant “teen” autrement dit “très jeune fille”, “adolescente””
Ça Se Saurait : Vous êtes vous-même un ancien accro au porno et avez décidé d’en parler publiquement. Alors que le porno semble aujourd’hui très banalisé avez-vous eu des facilités à en parler ? Comment votre ouvrage a été reçu ?
Je n’ai pas décidé d’en parler publiquement, j’ai décidé d’en parler au public. Nuance : je tiens à mon nom de plume. Je n’ai pas de difficultés à en parler à des amis proches – vraiment proches – car je sais que je ne serai pas jugé. Sinon, j’évite. Quelqu’un qui perd le contrôle est rapidement catégorisé comme tel.
Ça Se Saurait : Pour ceux qui n’ont pas été confrontés à la porno-dépendance, pouvez-vous nous décrire une journée type pour que l’on comprenne jusqu’où cela peut aller ?
Ça Se Saurait : Vous expliquez dans ce livre que, de même que pour un ancien alcoolique, le sevrage doit être total et non progressif pour réussir. C’est plutôt tranché comme avis et comme vous l’exprimez avez-vous remarqué qu’il soit aujourd’hui difficile de critiquer aussi durement le porno ?
“Ce n’est effectivement pas facile de critiquer le porno aujourd’hui car il est ultra banalisé (jusque dans le marketing publicitaire) et qu’on nous prête dans ce cas des intentions de censure ou de morale complètement hors sujet. Ce qui me paraît vraiment dramatique à l’heure actuelle, c’est son accessibilité instantanée.”
Ce n’est effectivement pas facile de critiquer le porno aujourd’hui car il est ultra banalisé (jusque dans le marketing publicitaire) et qu’on nous prête dans ce cas des intentions de censure ou de morale complètement hors sujet. Ce qui me paraît vraiment dramatique à l’heure actuelle, c’est son accessibilité instantanée.
Je cherche d’abord, à travers mon livre, à faire réfléchir le lecteur sur ce qu’il veut faire de sa vie et ensuite, à l’aider à reprendre le contrôle.
Ça Se Saurait : Dans votre livre vous parlez d’un porno macho, misogyne, qui objectifie la femme. Aussi pensez vous qu’un accro au porno voit ses relations et sa vision de la femme modifiées et si oui comment cela se manifeste-t-il, se concrétise-t-il ?
(NB : pour illustrer le phénomène, un porno-dépendant dit par exemple dans les commentaires sous un article de Stop Porn “C’est un gros défi de voir les filles comme des personnes“)
Je crois qu’il objectise la femme mais aussi l’homme. Et ça, on en parle moins. Il le réduit à un porte sexe, à ses pulsions. Personnellement, je refuse d’être considéré comme tel !! Depuis que j’ai décroché, je suis beaucoup plus libre de mon regard vis-à-vis des femmes dans la rue. Pour bien comprendre ce phénomène, il n’y a qu’à jouer dans les espaces publics à ce que j’appelle “le mateur maté”. Regardez les hommes quand une jolie fille passe à proximité d’eux… Pour moi, c’est une conséquence du porno. Tout est dans l’équilibre comme je le rappelle dans mon ouvrage.
” Regardez les hommes quand une jolie fille passe à proximité d’eux… Pour moi, c’est une conséquence du porno.”
La question la plus évidente à se poser est “Est-ce que j’ai envie de fantasmer sur n’importe qui ?” D’autant plus si l’on est en couple. Personnellement par exemple je ne voyais pas ma femme comme un objet. En revanche, je n’étais pas toujours présent à elle lors de nos rapports. Il m’arrivait de penser plus aux images que j’avais dans la tête. Des positions, par exemple, me rappelaient trop les vidéos pornos. Lors de mon parcours de sevrage, je lui disais donc et on les évitait. Il y a une différence entre fantasme et désir. Le fantasme, on se l’interdit pour des raisons personnelles liées à la volonté. Le désir, il n’y a pas d’obstacle pour le réaliser. Maintenant que je suis plus libre de mon regard vis-à-vis des femmes en société, je ne les imagine plus dans des situations qui me font fantasmer. Bref, j’ai repris le contrôle de mon imaginaire.
“Maintenant que je suis plus libre de mon regard vis-à-vis des femmes en société, je ne les imagine plus dans des situations qui me font fantasmer. Bref, j’ai repris le contrôle de mon imaginaire.”
Le risque bien connu du porno c’est de chercher à reproduire ce que l’on voit alors que c’est artificiel, faux. Faux sperme, faux désirs, fausses jouissances. C’est parfois vu comme un cliché pourtant, on a vite fait de fantasmer sur des pratiques qui au fond nous dégoûtent. La pornographie et le sexe sont deux choses différentes. Mais la confusion existe et elle est dangereuse. On finit par demander des choses à sa partenaire alors qu’elle n’en a pas envie (et l’on croit en avoir envie à cause du porno). Cela a tendance à culpabiliser l’autre et à éloigner les partenaires l’un de l’autre.
Pour certains addicts au porno, il y a passage à l’acte au bout d’un certain temps : il y en a qui, encouragés par les fantasmes X, rêvent de découcher. Le porno provoque un isolement psychologique et donc à terme un éloignement psychologique des partenaires. On ne se couche jamais à la même heure et finalement, on finit par ne plus coucher ensemble (j’ai échangé avec des hommes qui font maintenant chambre à part). C’est un tout, ce n’est pas lié qu’à l’addiction au porno mais aussi au manque de dialogue et aux autres addictions (temps passé devant l’écran).
Ça Se Saurait : Pourquoi avez-vous décidé d’auto-éditer votre livre ?
J’ai reçu une proposition d’édition de mon livre par une maison d’édition ayant pignon sur rue. J’ai bien réfléchi et ai finalement décidé de rester sur le modèle de l’autoédition. Je vois cela comme un hobby. Je ne suis pas un auteur dont ce serait l’activité principale.
Ça Se Saurait : A titre personnel, vous qui connaissez bien le sujet et comme il n’existe pas de statistiques, combien d’hommes pensez-vous être touchés par le phénomène ?
Le problème c’est qu’il s’agit d’une souffrance personnelle, difficile de dire combien essaient d’arrêter sans y arriver. Difficile ensuite de dire combien n’y arriveraient pas s’ils essayaient… Spontanément, j’avancerais le chiffre de 3 sur 10 à la louche. Mais attention, cela concerne aussi les femmes ! Pas juste les hommes.
NB : Si vous êtes touché par le sujet parce que vous réalisez aujourd’hui que le porno génère un malaise chez vous ou alors parce que vous souffrez que votre conjoint soit porno-dépendant je vous invite vivement à vous rendre sur le site de Florent Badou Stop Porn qui regroupe des témoignages, un forum d’entraide et des conseils concrets.
Et vous, pensez-vous que le porno aient une mauvaise influence sur notre société et les rapports humains qui s’y tissent ?
Pour aller plus loin…
BEST OF DE TOUS MES ARTICLES FEMINISTES : No bra, maquillage, porno, cheveux blancs, épilation, contraception : tous mes articles féministes
Bonsoir Sabrina =)
Pour ma part, je pense que le porno est le fruit d’une société malade… un cercle vicieux dans le vrai sens du terme. Je suis d’accord avec l’auteur lorsqu’il dit “Regardez les hommes quand une jolie fille passe à proximité d’eux… Pour moi, c’est une conséquence du porno.” C’est tout à fait ça !
Des conséquences de ce genre, il y en a des tas et des plus ou moins graves. Dans des esprits déjà malades (et ils sont beaucoup plus nombreux que ce que l’on croit), cela peut encourager et mener à des actes vraiment odieux et horribles, comme le prouve l’histoire d’Aurore dans son commentaire à cet article.
En ce qui me concerne personnellement, alors que j’étais totalement innocente et naïve comme tout, j’ai été conditionnée dès ma première relation sexuelle à être soumise au désir de l’homme (ici, une vraie raclure). C’était un harceleur, violent et obsédé sexuel. Cette histoire s’est terminée au commissariat (et là encore, c’est une autre histoire… j’ai été bien déçue par la police et la justice).
Ensuite, dans mes relations suivantes, c’est comme si j’étais toujours restée dans cette impasse, cette acceptation et cette attente des actes de l’autre, tout en n’atteignant jamais le plaisir que j’espérais. J’ai mis des années à le trouver et ce fut lorsque j’étais seule.
Ce qui est grave avec le porno, c’est que ça nous enfonce dans ce type de comportement qui, loin d’être réellement épanouissant, est pervers et joue avec notre psychologie, notre inconscient, nos traumas même, la sensation de l’interdit, etc. Et ça fonctionne malheureusement.
Pervers, c’est vraiment l’adjectif qui convient car notre conscience sait que nous ne sommes pas d’accord avec ces images qui nous font pourtant jouir, et je crois que ceci est fortement dommageable, notre inconscient en prend sûrement un gros coup et aimerait sûrement nous le dire.
Moi, le jour où j’ai regardé du porno, j’étais déjà conditionnée par le comportement de mon ex. C’était encore pire. Car, étant seule, j’aurais pu me libérer de ce mécanisme patriarcal de domination et découvrir un plaisir qui serait le mien, mais non, c’était trop difficile, je n’avais rien connu d’autre de bien différent.
La masturbation, j’ai mis des années aussi à oser le faire, comme si c’était honteux et que moi seule je ne pouvais pas m’exciter et que j’avais forcément besoin d’un mec. N’importe quoi…
L’image de la femme, que dis-je, LA FEMME n’avait pas besoin du porno. Elle souffrait bien avant ça déjà. C’est comme si, inconsciemment, tout ce qui avait trait au corps de la femme était tabou. C’est un processus tellement insidieux que j’ai beaucoup de mal à essayer de le décrire. Pendant des années, je n’ai pas osé regarder comment j’étais faite, c’est quand même un comble… alors que c’est moi la maîtresse de mon corps et de mon esprit.
Le pire, c’est peut-être lorsque le porno laisse des images en nous qu’il suffit de se remémorer pour arriver à jouir. Plus besoin de visionner quoi que ce soit, c’est imprimé sur le cerveau. Ça nous fait croire que c’est en nous.
Et quand on se rend compte que ça nous dérange et qu’on arrête de se revisionner mentalement cette cassette, l’excitation ne se pointe pas. Comme si on était habitués à de trop fortes doses de choc et qu’une excitation sexuelle, charnelle, normale et saine n’atteignait pas ce degré, factice, certes, mais auquel on est conditionné, de par nos relations toxiques et de par la société pornographique dans laquelle nous vivons.
C’est très dur de défaire les schémas, les mécanismes qui se sont ancrés en nous malgré nous.
Depuis, j’ai rencontré l’homme de ma vie. À chaque instant, de par son amour, son romantisme (je n’avais jamais vu ça !), sa nature sensible, généreuse et saine, il m’aide à me défaire de toutes ces mauvaises habitudes. Il est totalement à mon écoute, tellement respectueux et aimant que j’en ai pleuré lorsque je lui ai dit que j’aurais dû le rencontrer il y a des années de ça, et ma première fois aurait été choisie et magique. C’est le premier homme avec qui j’ai atteint l’orgasme et je n’en revenais pas, moi qui n’y arrivais que seule par des fantasmes dissonants.
Je pense que j’ai encore du chemin à parcourir dans la connaissance de mon plaisir et de celui que l’on sera encore amenés à partager et construire ensemble. Mais il m’aide énormément juste en existant.
Le porno, comme les personnes malsaines, nous atteignent dans nos états de faiblesses, à des moments clés de nos vies (passage de l’adolescence à l’âge adulte, découverte de la sexualité,…) se logent dans des espaces si petits que l’on croit leur effet bénin, et nous grignotent de l’intérieur. Ils se nourrissent de notre sensibilité et de notre richesse plus ou moins à notre insu. Un peu comme la cigarette. Les fumeurs savent que fumer tue.
Il faut être (ou devenir) plus fort que tout ça.
Merci Sabrina d’avoir fait remonter cet article dans tes actus Facebook !
Wahou Amandine quel commentaire ! Emouvant, précieux, merci d’avoir partagé ça avec nous.
Je crois que de nombreuses femmes s’y reconnaîtront. Cette quête intime, cette reconstruction de femme, à travers également notre sexualité, sera d’ailleurs le thème de mon prochain livre (un roman cette fois). Et je crois que cette nouvelle vague féministe est définitivement celle de l’intime.
Je crois aussi qu’à ces considérations féministes se mélangent des phénomènes modernes de capitalisme exacerbé, de vision du corps qui change et passe de la pudibonderie à l’extrême inverse.
Je crois, je sais, que nous sommes nombreuses, trentenaires, à être effarées de voir que nous avons cru être au summum du féminisme et que nous surprenons, en nous-mêmes, de la misogynie intégrée si profondément. Je crois aussi que nous sommes nombreuses à se dire que nous allons tenter de mieux armer nos filles que nous l’avons été…
Je crois aussi qu’il faut absolument parler du rôle des hommes là-dedans, car, pendant que l’on ne cesse de parler des femmes, on oublie totalement que ce sont avant tout les hommes qui doivent se repenser, comme le fait si bien ton compagnon actuel 🙂
PS : Pour ceux qui passent par là, j’ai ressorti cet article de mes archives car j’ai adoré le récent billet “Comment je me suis réconcicliée avec la masturbation et le porno” sur Cheek magazine.
Merci, merci, merci pour cet article, il mets donne des mots et une explication.
Mon ex regardait quotidiennement du porno, se masturbait facilement une dizaine de fois par jour.
Avant les rapports il lui fallait aussi se masturber et jouir plusieurs fois pendant l’acte.
Il passait son temps à mater les femmes et dire “oh comment je l’a cramponnerait celle ci”.
Il me demandait de perdre du poids pour mieux me choper comme il en avait envie.
Il racontait aux autres ce que je lui faisais et au travail en plus, vous imaginez pas la honte que j’avais quand je me disais, “oh mon dieu, il savent ce que je fais.”
Il me prenait pour un objet sexuel, pas une personne, mais comme quelque chose capable de répondre à sa pulsion.
C’est allé plusieurs fois jusqu’au viol et quand j’ai rompu, le temps d’avoir un nouvel appartement, il me faisait du harcèlement sexuel et à menacer ma fille d’inceste pour que je lui cède.
Voilà ou ca peut mener et sur les jeunes quand on entends un ado traiter un fille de pute etc Ca fait peur.
On a beau dire Non, la volonté des femmes est détruite et bafouée.
Changeons les mentalités.
Avec plaisir Aurore, ton témoignage est poignant. Je pense toutefois que ton ex avait des problèmes psychologique en plus de son addiction au sexe, ce que tu décris est très grave. Contente de savoir que tu as su partir à temps 🙂
C’est très grave j’aimerais qu’on officialise cette lutte contre la pornographie .Et de plus vous avez dit que son mari était atteint mais n’oubliez pas que le porno créé des dérèglements et troubles de la personnalité chez certaines personnes
j’ai toujours trouver que la difference entre la prostitution et le porno n existe pas et que le porno degrade notre image de femmes
Bonjour,
Je suis AFREG, le webmaster du http://www.pornodependance.com
Mon site traite de l’addiction à la pornographie. Mon site propose un forum où les dépendants et leurs proches peuvent venir s’exprimer librement et s’entraider. Le tout est évidemment entièrement bénévole et GRATUIT.
Merci ! AFREG.
Merci Afreg et sinon que pensez-vous de tout cela vous ?
Je ne peux, malheureusement, qu’être d’accord avec Florent Badou et vous!
La pornographie est un carnage social. J’administre depuis bientôt six ans mon site et ne peut que constater l’ampleur du nombre d’hommes détruits par l’industrie du X. L’addiction au porno touche des tranches toujours plus jeunes: de nombreux témoignages sont postés par des adolescents qui s’expliquent consommateurs depuis de nombreuses années, alors qu’ils ne sont même pas encore majeurs!
J’insisterai aussi sur les effets dramatiques de l’addiction au porno sur le couple: vie sexuelle ruinée, incapacité à avoir une érection, sentiment de trahison de la conjointe. La compagne, l’épouse, la petite amie est la victime collatérale de la pornodépendance.
[…] regardons du porno et couchons les uns avec les autres en se jetant le lendemain comme des Kleenex non pas parce que […]
J’ai noté un jour une belle phrase de Simone Weil dont je me sers souvent :
« On ne se détache pas, on change d’attachement ».
Pour que les victimes actuelles et à plus forte raison les jeunes générations ne se jettent pas aveuglément, inconsciemment, par ignorance ou par dépit, dans cette vision étriquée, basse et sans magie de la relation sexuelle, il convient peut-être de se poser la question de la compensation.
Plutôt que d’essayer d’extraire un « mal », pourquoi ne pas laisser un plaisir supérieur le rendre insipide ?
Education bâclée, compétition acharnée, culte du paraître, désespérance dans le pire des cas, sont autant de trappes pour les addictions diverses dont le sexe n’est qu’une des facettes banalisées, ce qui en rend la nocivité d’autant plus subtile et profonde.
Tout comme la plupart des participants aux discussions que tu nous proposes, je réfléchis et avance en toute modestie quelques pistes.
Réenchantons le monde, la société, les relations, le corps, l’univers, la vie, le quotidien, la pensée. Le monde devient triste, individualiste, la sexualité aussi. Cela semble presque mécanique. Rendons le monde joyeux, plein d’espoir et de foi, et l’union des êtres se fera dans cette perspective.
Il appartient à chacun sans doute de consacrer son énergie vitale et sexuelle à un plan inférieur ou supérieur. Ce choix est actuellement biaisé par le matraquage pornographique et consumériste mais je suis confiant, pour peu que tous, parents, éducateurs, intellectuels et leaders d’opinion s’y consacrent honnêtement, librement et humblement.
Témoignons, dès que possible, auprès des plus « perdus », que l’expérience charnelle peut être un aboutissement splendide, une occasion de se hisser vers quelque chose de transcendant, une zone de confiance et de respect qui n’enlève rien au plaisir et au fantasme, bien au contraire.
Le porno est issu d’une société en perte de repères, idéologiques mais pas que, sa néfaste influence ne résistera pas à des consciences éclairées par l’intelligence et l’amour. On pourrait en dire autant de toute barbarie peut-être ?
EDUCATION. Et si tout passait par là ?
Merci d’avoir pris le temps d’écrire un commentaire aussi intéressant qui s’approche effectivement de ce que l’on pourrait faire dans l’idéal pour réenchanter le sexe.
Merci vraiment Fabien, je n’ai rien à ajouter 🙂
De rien, merci à toi de consacrer (une partie de) ton énergie à nous proposer tous ces sujets, toujours passionants.
Oh, c’est très gentil, merci 🙂
Perte de repères, oui Fabien, il me semble que c’est au cœur du problème…
L’addiction au porno me rappelle celle à la malbouffe industrielle : ceux qui vendent ces produits savent y mettre des ingrédients qui créent une forme de dépendance en exploitant les failles des consommateurs. Un des ingrédients est celui de la transgression. Comme il n’y a plus d’interdit moral en matière de sexualité (on a tout essayé), la transgression qui fait peur et attire en même temps est celle de l’acte commis sans consentement.
Si je suis dépendant de mauvaise bouffe, d’alcool, de tabac, il y a des freins qui sont ma connaissance du danger de cette consommation, plus le frein économique car rien n’est gratuit. Mais le porno est devenu quasiment gratuit, et regarder une personneen train de commettre un viol sur un écran n’a rien de mal, pas vrai, puisque ce sont des comédiens payés pour ça et consentants, pas vrai ? On ne cherche pas trop à savoir quand on est accro…
Il y a dissociation entre la création du produit et sa consommation, un peu comme l’indifférence vis-à-vis de la maltraitance d’animaux en élevage industriel.
Tout cela est vraiment dangereux pour les plus jeunes. Autant et même plus que les rayonnages de confiserie trafiquée à la portée de leurs petites mains !
La sexualité est une aventure merveilleuse, y compris dans les transgressions tant qu’on est assuré du plein consentement des partenaires.
Quand on réapprend à se nourrir, on met fin au grignotage en répondant aux besoins de son organisme. On peut réapprendre le sexe de la même manière, en déconnectant le désir de la simple excitation. Le désir surgit entre les personnes, il a besoin de son propre temps pour fleurir et les inviter à une fusion amoureuse. Alors que pour s’exciter tout va très vite, on peut le faire seul ou avec n’importe quel partenaire…
Pour ceux qui n’ont pas fait cette expérience, je crois que les plus belles clés sont à trouver dans la littérature – et le cinéma d’auteur. Je ne désespère pas qu’on y parvienne si le débat franchit les frontières des opinions et jugements moralisateurs !
Merci pour ce post très intéressant ! J’ai trouvé particulièrement pertinent le lien entre montée en puissance du libéralisme extrême et diffusion massive de la pornographie. Il y a ici quelque chose à réfléchir, ceci d’autant plus qu’il est démontré que la publicité joue avec notre libido et nos pulsions. Par ailleurs, les illustrations sont excellentes ! Serait-il possible d’avoir une présentation de l’artiste ? Son site ? Amitiés,
Salut Yasmine, oui je pense qu’il y a des liens même si la plupart des gens semblent ne pas voir le problème ou penser le contraire.
J’ai mis le nom de l’artiste sur le descriptif des photos mais j’ai choisi de faire ne sorte que sur mon site les images ne soient pas cliquables don,c il se peut qu’il ne s’affiche pas, son nom est Luis Quiles 🙂
J’ai pris beaucoup de plaisir (héhé) à lire ton article. Le porno est un sujet ultra banal et pourtant très rarement abordé c’est vrai!
J’ai vu des films pornos (ouioui, et pas rarement), je n’en regarde plus du tout maintenant, et je pense également que ces effets néfastes se diffusent de façon large dans notre vision socio-éducatif. L’image totalement fausse du sexe (au sens organique comme au sens de l’action), de la femme, de l’homme, etc, enfin tu le dis très bien dans l’article.
Je n’ai pas d’avis tranché, j’en ai sur très peu de sujets, j’ai tendance à me poser plus de questions que je n’ai de réponses certaines. Le porno est il la cause originelle de nos dérives et fantasmes OU sont-ce nos instincts archaïques couplés (le “couplés” est important dans la phrase, parce que l’instinct animal je dirais, ne peut être la source unique d’une image aussi grossière de la sexualité) à des faiblesses émotionnelles ou des biais comportementaux, qui sont alors la cause alimentant un commerce qui enfle et se nourrit de cette demande. La question finalement de l’oeuf ou de la poule, de l’offre ou la demande…
Les accros au porno, sont ils victimes du commerce du porno ou sont ils avant tout victimes d’un malêtre intérieur qui a choisi de se cristalliser dans le porno? Tout comme d’autres cristallisent leur malêtre sur d’autres addiction (jeux vidéos, alcool et compagnie). Le “choix” inconscient de l’objet de l’addiction, a, selon moi, sans aucun doute une raison, un lien historique, un blocage, un caillou dans l’émotionnel de la personne.
Alors, le porno est il à bannir ou, devrions nous choisir d’informer, de prévenir et de mesurer par tout un tas de “cahier des charges” le milieu du porno. Je ne sais pas, je me questionne en même temps que j’écris mon énorme commentaire. D’ailleurs dans ton article tu ne parles pas d’interdire complètement le porno, c’est vrai, selon moi cela serait de toute manière impossible. La majorité des gens qui regardent du porno n’en deviennent pas accro (idem pour les autres sources d’addiction). Ca me rappelle le débat sur la prostitution. Tout ça tourne, selon moi, autour d’une (encore autre) question essentielle dans notre monde civilisé: l’Etat, les instituions, doivent être intervenir et légiférer sur ce qu’elles considèrent comme mauvais pour l’homme, même si cela entre dans un cadre de décision intime et volontaire?
Enfin voilà, tout un tas de choses me questionnent, et merci d’ailleurs à ton article rien que pour ça. Je finirai en reciblant ce qui me semble être le problème majeur: l’image de l’homme, de la femme, de l’acte, totalement à côté de la réalité, à côté, non je dirais même sur des planètes différentes, qui ment aux jeunes naïfs, qui crée des fantasmes caricaturés et qui provoque des dérives comportementales et sociétales.
Voilà, après avoir pris presque toute la place sur ta page, je te dis bravo pour cet article!
Salut Cendra, tout comme toi je me pose bien plus de questions que je n’ai de réponses mais le débat est intéressant (même si plus je vieillis plus les débats me fatiguent tant j’estime que chacun a le droit d’avoir son propre avis en fonction de son vécu). Je pense en la matière qu’il faut protéger l’enfance, je pense aussi que les acteurs et actrices souffrent et que c’est vraiment pas top mais je ne suis pas non plus pour un interventionnisme total qui coupe forcément les libertés donc ce n’est vraiment pas facile !
Les accros au porno, sont ils victimes du commerce du porno ou sont ils avant tout victimes d’un malêtre intérieur qui a choisi de se cristalliser dans le porno?
Bonjour à vous , je suis addict au porno depuis 8 ans et pour répondre à votre question : dans mon cas la cause principale de mon addiction est le malêtre intérieur. J’ai perdu ma mère à 13 ans et j’en ai énormément souffert. Il est évidemment pour moi que sans cette mort tragique je n’aurai pas ce rapport là avec le porno…. J’en parle de manière plus précise sur le blog que j’ai lancé il y a un mois : http://lexaddict.blogspot.fr/
Salut Lex,
Tu penses donc que c’est un mal-être antérieur qui vient se cristalliser sur le porno, tu peux développer ? C’est intéressant.
Oui bien sûr je peux être plus précis. J’ai perdu ma mère d’un cancer à l’âge de 13 ans. J’avais une relation extrêmement fusionnelle avec elle , c’était ma confidente et j’étais aussi son confident (notamment par rapport à sa maladie). A sa mort , j’ai eu l’impression de perdre la seule personne qui me comprenait au monde. A cette époque je n’avais pas vraiment de bonne relations avec mon père mais je n’étais pas non plus le genre d’enfant à me rebeller , à fuguer pour montrer ma colère . De l’âge de 13 à 17 ans j’ai continué tant à refouler tout mes sentiments (ça a commencé le jour de l’enterrement de ma mère où je n’ai pas pleuré). J’étais l’enfant courageux !
Et c’est l’année de ma terminale que les choses ont basculés. Tout est remonté à la surface , c’est vraiment à partir de là que je suis devenu dépendant au porno. J’avais besoin d’une porte de sortie , une sorte d’endroit où je pourrai déverser ma frustration etc….. Honnêtement ,comme je l’ai dit dans les premiers articles de mon blog, je n’en veux pas spécialement au porno. Alors oui j’ai été victime du commerce du porno surtout que j’ai commencé à en visionner à 13 ans mais le problème de fond c’est mon mal-être .
C’est intéressant ce que tu dis, j’ai lu tes articles, je trouve très bien que des gens comme toi aient le courage d’en parler publiquement pour déclencher peut-être un déclic chez les autres qui parfois ne pensent même pas que c’est un “mal” même s’ils ressentent vaguement au fond d’eux un mal-être.