Sujet des plus délicats même dans notre société “moderne”, le féminisme est au cœur de la tempête ces dernières années. Hommes pro-féministes qui ne le sont pas tant que ça, partage des tâches ménagères et salaires toujours très inégaux, bataille contre le harcèlement de rue jugée “exagérée”…
… la vie d’une femme du 21 ème siècle qui pense qu’il y a encore des progrès à faire pour l’égalité des sexes rencontre beaucoup d’obstacles qui peuvent vite faire de nos journées un enfer. Rencontre avec une féministe sans concessions qui a décidé de ne rien lâcher dans la rue comme au sein de son foyer…
Comment Peut-on Etre Féministe ? parle de tous les “obstacles qu’on rencontre pour parvenir à être féministe, dans la sphère privée comme dans la sphère publique“. Tu as créé ce site après avoir fermé ton précédent site militant (“A Contrario”) qui existait depuis 2009 pour resserrer ton angle de lutte sur un thème précis : la difficulté à être féministe et les façons dont on peut y arriver.
Quand as-tu eu l’envie de lutter concrètement et quotidiennement pour les droits des femmes et leur respect par tous au sens large ?
Je suis féministe depuis toujours. Ma lutte concrète a commencé tôt, mais de façon non étiquetée : j’ai choisi ce que je souhaitais faire de ma vie en dépit de l’opposition de mon père, qui a souhaité, y compris en utilisant la contrainte physique et le chantage au fric, m’imposer une orientation scolaire et m’empêcher d’épouser le mec de mon choix. J’ai tenu bon, et comme les menaces paternelles s’ajoutaient à une maltraitance parentale de longue date (qui sert d’ailleurs de prétexte à pas mal de monde pour disqualifier mon discours militant, partant du principe qu’on ne se reconstruit jamais vraiment et que ma colère féministe est forcément un comportement pathologique, lié à ce que j’ai subi), j’ai donc du quitter le domicile familial pour sauver ma peau. Comme mes parents m’ont immédiatement coupé les vivres, j’ai du payer mes études seule. Six mois plus tard, en décrochage universitaire total, j’étais ouvrière. Un an plus tard, j’étais mariée (avec le mec de mon choix, donc, qui est mon époux depuis vingt ans et le père de mes deux enfants). Cinq ans plus tard, salariée, mère et épouse, j’étais de retour sur les bancs de la fac.
” Toutes les femmes devraient avoir le droit de choisir ce qu’elles veulent faire de leur vie, sans que ce ne soit systématiquement une bataille dès qu’elles doivent le cumuler avec le fait d’être mères, travailleuses ou pas, pauvres, épouses, etc.”
J’ai donc repris des études (de droit) en bossant à plein temps et en élevant mes gamins. Ça a été horrible, et en même temps très instructif. Et j’ai tout réussi. Au début je n’osais pas m’en attribuer le mérite, préférant dire que j’avais eu de la chance, de l’aide etc. mais la vérité c’est que personne ne m’a aidée, qu’on m’a mis beaucoup de bâtons dans les roues, que j’ai du affronter désapprobation et critiques, que j’en ai pris plein la gueule et que si j’ai réussi c’est tout simplement parce que j’ai travaillé dur, que j’ai été bonne en tout (en tant que mère, en tant que salariée et en tant qu’étudiante) et que j’ai grave assuré. C’est injuste pour moi d’avoir du affronter autant de choses, j’aurais aimé que ce soit plus facile. Toutes les femmes devraient avoir le droit de choisir ce qu’elles veulent faire de leur vie, sans que ce ne soit systématiquement une bataille dès qu’elles doivent le cumuler avec le fait d’être mères, travailleuses ou pas, pauvres, épouses, etc.
Vingt ans plus tard, la lutte pour les droits des femmes m’apparaît plus que jamais nécessaire. J’ai pu reprendre mes études, je suis devenue journaliste, puis j’ai tourné le dos à cette profession qui m’a dégoûtée, j’écris des livres, je suis certes précaire mais financièrement autonome après avoir connu vingt ans de galère, bref ma vie me donne l’impression que ça vaut le coup de lutter pour nos droits au sens large, pour autre chose que ma propre libération. Avec les femmes, pour elles, pour nous toutes.
Qu’est-ce que le féminisme pour toi ? Quelle définition en donnerais-tu (s’il doit y en avoir une) ?
Les définitions du féminisme sont multiples et je ne suis pas une intellectuelle, donc les concepts m’emmerdent : j’en utilise le moins possible, pour ne pas m’embrouiller dans des théories que je ne maîtrise pas. Disons que globalement, le féminisme pour moi c’est l’idée selon laquelle les femmes (en tant que classe) sont opprimées par un système (le patriarcat) qui les conditionne à être soumises à de nombreuses obligations et injonctions, qui fait qu’on les traite comme de la merde en donnant l’impression que c’est normal, et en leur faisant croire qu’elles doivent kiffer.
“le féminisme pour moi c’est l’idée selon laquelle les femmes (en tant que classe) sont opprimées par un système (le patriarcat) qui les conditionne à être soumises à de nombreuses obligations et injonctions, qui fait qu’on les traite comme de la merde en donnant l’impression que c’est normal, et en leur faisant croire qu’elles doivent kiffer.”
Les femmes elles-mêmes ont souvent intégré ces injonctions, au point qu’elles peuvent les pérenniser (je me compte dedans évidemment, je ne critique pas “les autres”, puisque je fais partie du système, et que j’ai, sans le vouloir, contribué à le pérenniser, et que ça m’arrive encore).
T’importe-t-il d’être qualifiée comme telle ou juges-tu que le féminisme c’est juste le fait d’être une femme et de demander à ne pas être opprimée de telle ou telle manière au quotidien ?
Je me fous de la façon dont on me qualifie. De toute façon, à partir du moment où j’affirme, en tant que femme, que je vaux autant qu’un homme et que je ne me prends pas pour de la merde, je serai dénigrée de façon très précise, et non “qualifiée” dans tous les sens du terme.
Pour toi qui pratiques au quotidien le féminisme depuis vingt ans, en quoi cela s’exprime dans la vie de tous les jours ? Quels sujets de luttes te semblent les plus récurrents ou importants ?
Toutes les réponses sont dans Féministe. Le Prix à payer.
Et il n’y a pas de sujets plus importants que les autres. De l’endroit d’où je parle, je vais avoir certaines priorités liées à ce qu’est ma vie, à ce que je souhaite en faire, et d’autres femmes auront d’autres priorités. C’est normal, et ça se complète.
Que penses-tu de la vision assez partagée qu’ont les gens (hommes et femmes confondus) du féminisme dans notre société contemporaine ?
Je n’en pense pas grand-chose. Et surtout, “hommes et femmes confondus”, ça n’a pas de sens, parce que les hommes et les femmes ne sont pas confondus, et que c’est une bonne partie du problème. Sur le terrain, j’ai passé 15 ans à essayer d’être pédagogue, ouverte envers les hommes… C’est terminé. Les femmes peuvent avoir une vision très diversifiée du féminisme. Les hommes n’en ont que deux : soit ils sont contre, soit ils sont pour “tant que”, ou alors ils sont pour “mais”. Ou ils sont pour “à condition que”. Et en parlons même pas des hommes qui se disent “féministes” en milieu militant (alterno, libertaire, anar etc), les “profems”, ces sales parasites toxiques (cf.le Tumblr Salut Camarade Sexiste).
“… je n’aime pas les hommes, en tant que classe, et c’est quelque chose qui est très mal vu pour une femme. On a le droit d’être féministe, MAIS il FAUT quand même aimer les hommes. Alors que bon. Non, pas forcément. […] et je tiens à le réaffirmer, sans aucune gêne [ce] qui me classe automatiquement dans la catégorie “féministe hystérique extrémiste”. Et je m’en tape. Oui je suis une féministe en colère, et il y a de quoi.”
Ça nous amène à cette vérité politique, dans le cadre de mon engagement militant : je n’aime pas les hommes, en tant que classe, et c’est quelque chose qui est très mal vu pour une femme. On a le droit d’être féministe, MAIS il FAUT quand même aimer les hommes. Alors que bon. Non, pas forcément. Je l’ai écrit en expliquant pourquoi ( lire Etre féministe. Aimer les hommes. Ou pas) et je tiens à le réaffirmer, sans aucune gêne, parce que ça ne me pose pas de souci. Ce qui me classe automatiquement dans la catégorie “féministe hystérique extrémiste”. Et je m’en tape. Oui je suis une féministe en colère, et il y a de quoi.
Que penses-tu de ces hommes et de ces femmes qui estiment que tout cela va trop loin (mademoiselle sur les formulaires, harcèlement de rue exagérément dénoncé ou encore l’histoire de la claque sur les fesses qu’a prise une jeune femme en mini-jupe dans un supermarché niçois et dont la vidéo avait été relayée sur les réseaux sociaux) et qui sont insupportés par le “pointillisme”, le “ne rien laisser passer” de certains et certaines face à ce genre de comportement ?
Ils ne m’intéressent pas : ma démarche militante aujourd’hui s’adresse uniquement aux femmes.
Comment réponds-tu à quelqu’un qui dit que tu dramatises tout et que tout cela n’est que détail ?
Soyons claires : ces personnes ne sont quasiment jamais des femmes. Seuls les mecs trouvent pertinent de m’expliquer que je dramatise. Entre femmes, on peut avoir des désaccords mais aucune femme ne m’a jamais dit que ses droits sont un détail. Or, le temps passé à expliquer à un mec qu’il se trompe serait du temps perdu (j’ai essayé pendant des années), temps que je ne passerais pas à me concentrer sur mes objectifs de lutte militante auprès des camarades femmes. Donc je ne réponds rien, et je passe mon chemin. Ce que je veux dire par là, c’est que j’en ai fini de rechercher la validation symbolique de ma lutte par le regard des hommes. Il m’indiffère d’être désapprouvée par eux. J’aime certains mecs, à titre personnel, mais en tant que “classe”, dans le cadre de la lutte au sens politique, ils sont au mieux un obstacle sur mon chemin, que j’écarte sans m’y arrêter, au pire un ennemi politique.
” Seuls les mecs trouvent pertinent de m’expliquer que je dramatise. Entre femmes, on peut avoir des désaccords mais aucune femme ne m’a jamais dit que ses droits sont un détail. […] j’en ai fini de rechercher la validation symbolique de ma lutte par le regard des hommes. Il m’indiffère d’être désapprouvée par eux. J’aime certains mecs, à titre personnel, mais en tant que “classe”, dans le cadre de la lutte au sens politique, ils sont au mieux un obstacle sur mon chemin, que j’écarte sans m’y arrêter, au pire un ennemi politique.”
D’ailleurs pourquoi penses-tu qu’il y a en ce moment (même si c’est depuis toujours) comme un regain d’énergie contre le féminisme et surtout concernant les caractéristiques caricaturales qu’on lui prête ?
Parce que les femmes se laissent de moins en moins faire, que les choses commencent à bouger. Le bakclash actuel n’est pas imputable à une illusoire exagération des féministes, mais à la peur des hommes de voir la société changer, bousculée dans ses fondements patriarcaux. Ce qui est une excellente motivation pour continuer à lutter.
Penses-tu que naturellement, pas sa nature profonde physique ou psychique une femme soit différente d’un homme sur certains points ?
Non.
Quid du distinguo entre les féministes qui veulent l'”égalité” et celles qui veulent l'”équité” ?
J’ai peu de goût pour la masturbation intellectuelle. Je serais plus du côté de “l’égalité”, “l’équité” m’évoquant la possibilité d’une complémentarité, donc d’une différence, donc d’une hiérarchie. Mais pour le coup, ça ne me fait à peu près ni chaud ni froid.
“J’ai peu de goût pour la masturbation intellectuelle. Je serais plus du côté de “l’égalité”, “l’équité” m’évoquant la possibilité d’une complémentarité, donc d’une différence, donc d’une hiérarchie.”
Avec le recul et l’expérience penses-tu que l’on peut trouver un juste milieu entre la pratique quotidienne d’une demande de respect par l’extérieur de nos droits légitimes et la préservation de notre énergie ? Quelles solutions appliques-tu pour ne pas te laisser bouffer ou submerger au quotidien par ces questions et les conflits que cela engendre avec ceux qui y sont récalcitrants ou indifférents ?
C’est compliqué, et difficile. Mais une fois qu’on a les yeux ouverts, impossible de les refermer. À titre personnel, j’ai trouvé l’équilibre et cela consiste à me faire passer avant les autres (c’est très difficile quand on est une femme, nous sommes conditionnées à faire passer les autres avant nous, la charge émotionnelle de l’apaisement des conflits nous a été inculquée de multiples façons, depuis l’enfance, j’en parle dans Autocensure). Mais je sais que c’est un cheminement long, épuisant. On fait au mieux avec ce qu’on a, avec ce qu’on peut.
Enfin, penses-tu qu’il soit possible de faire changer l’autre et si oui comment ou as-tu des exemples concrets ?
Oui, c’est possible. Chaque mot que j’écris, chaque minute de mon existence est un exemple concret, et c’est volontairement que je réponds à cette question en utilisant mon expérience personnelle, et non des lois votées, ou des combats politiques gagnés (avortement, droit des patientes notamment face aux maltraitances gynécologiques, contraception, etc, bien que ces combats-là ne soient jamais définitivement gagnés). Mes hésitations, mes tâtonnements, mon parcours, qui va probablement évoluer encore, sont la preuve que les choses bougent, car le privé est politique, comme le dit Christine Delphy. Mais ce n’est pas une partie de plaisir de faire bouger les choses, c’est le moins qu’on puisse dire. Parfois j’en ai ras-le-bol. Dans ces moments-là, je me pose cinq minutes, et je pense à tout ce qui avance. Je vois ce que j’ose dire et faire aujourd’hui, je vois des femmes s’émanciper peu à peu, choisir librement leur contraception, choisir librement de ne pas être mères, choisir leur existence, et puis je vois mon fils de 16 ans et demi et ma fille de 15 ans grandir dans un monde qui les départage encore, les enferme dans des carcans, les conditionne, mais en même temps je me rends compte du chemin parcouru, et des avancées obtenues. Ma fille a pu choisir une orientation scolaire librement, en dépit de l’obstination des profs à lui répéter qu’elle devrait faire un bac L, elle occupe l’espace public à sa guise, sait qu’elle a le droit de disposer de son corps, de dire non quand elle veut dire non, et d’exprimer librement ses envies et volontés quand elle le souhaite, et mon fils a été éduqué au consentement (cf. Lutter contre le viol ? Nos fils adolescents, violeurs potentiels. Notre refus de l’admettre, et de les élever autrement.)
Du coup, je vais continuer à être cette féministe énervée, bien contente d’oser l’être enfin, qui tient à préciser souvent qu’elle n’aime pas les hommes, et qui avance à coups de latte. Ça donne de très bons résultats.
Voilà pour cette interview sans concessions et 100 % féministe!
Pour aller plus loin…
BEST OF DE TOUS MES ARTICLES FEMINISTES : No bra, maquillage, porno, cheveux blancs, épilation, contraception : tous mes articles féministes
Je ne suis pas spécialement féministe et si la plupart des points abordés sont intéressants, je suis choquée quand je lis ça : “Je serais plus du côté de “l’égalité”, “l’équité” m’évoquant la possibilité d’une complémentarité, donc d’une différence, donc d’une hiérarchie.”
Il me parait plus qu’évident que l’homme et la femme sont complémentaires ET différents. Mais la différence n’implique pas nécessairement une hiérarchie, et la complémentarité permet d’avancer ensemble.
Je trouve que ce genre de raisonnement extrême décrédibilise totalement les féministes et ne sert pas leur cause, pourtant légitime.
Salut Laura, personnellement je n’aurais aucun jugement car chacun a le droit de penser comme il veut même si je pense comme toi que nous sommes différents par certains aspects et que le but ne doit pas être de chercher à se ressembler totalement (ça n’a pas de sens. En revanche qu’entends-tu par “je ne suis pas spécialement féministe” ? Tu sais qu’être féministe c’est juste être pour l’égalité/équité hommes-femmes, ça n’a rien à voir avec une quelconque appartenance politique ou à un mouvement… je trouve toujours ça étonnant quand une femme se dit “non féministe” ou “pas spécialement féministe”, vous préférez rester avec des inégalités telles que nous sommes ?
Je pense que chaque femme est en elle profondément féministe mais le mot féministe doit être débarrassé des préjugés qui lui collent à la peau, être féministe c’est juste être pour le fait que les femmes aient les mêmes droits et soient traités à l’égal des hommes (sans forcément agir ou manifester ou quoi que ce soit).
Oui évidemment que je suis pour qu’on ait les mêmes droits.
Pour moi quand on parle de féminisme, c’est clairement un mouvement engagé, une façon de vivre, de penser et de s’impliquer pour l’évolution de la condition de la femme. C’est d’ailleurs la définition du dictionnaire, qui parle de “mouvement militant” ou “d’attitude”.
Du coup je ne conçois pas qu’on se dise féministe si on ne fait rien, et c’est pour ça que je ne me dis pas féministe, je suis d’accord sur le fond mais je reste passive.
D’accord 🙂
Moi je ne voyais pas forcément cela comme un mouvement ou quoi que ce soit, simplement un état d’esprit mais visiblement le débat n’est pas clos ^^
Le Larousse le définit entre autres comme “Attitude de quelqu’un qui vise à étendre ce rôle et ces droits des femmes. Exemple : Un féminisme actif.” donc j’en déduit qu’il peut être passif également comme dans ton cas (où j’imagine que quand tu dis passif c’est sans engagement social ou politique mais juste au quotidien dire merde quand ça te gonfle ou que tu trouves qu’il y a injustice).
Laura, j’ai eu des questionnements sur le fait de militer. Je te renvoie à ce texte http://www.crepegeorgette.com/2015/09/18/militer/ du blog crêpe georgette, ça peut t’intéresser. Militer, c’est pas forcément manifester dans la rue ou faire partie d’une association. C’est éduquer ses enfants, confronter ses proches à leur sexisme intégré, par exemple. http://www.crepegeorgette.com/2015/09/18/militer/ J’ai souvent entendu/ lu que des féministes “desservent leur cause”. La cause féministe est-elle donc soumise à un standard ? On t’écoutera quand ton discours nous conviendra, c’est ce que ça veut dire. Et ça justifie qu’il ne faut pas laisser tomber.
Je n’ai pas d’enfants à éduquer, et si un jour j’en ai j’essayerai de leur inculquer mes valeurs, mais jamais je ne me considérerai comme une militante féministe. Ce n’est pas parce que je leur apprendrai à faire attention à la planète que je vais être une militante écolo, pas parce que je leur apprendrai à respecter leurs copines filles que je serai féministe.
C’est plus un idéal de vie apaisé, de respect et de “bien vivre ensemble” que j’ai envie d’appliquer pour moi-même et mes proches. Mais je ne m’attache pas à défendre une cause ou l’autre, simplement à dénoncer les injustices en général. Alors disons que je suis une “militante” de l’humanité 🙂
Par ailleurs oui il y en a qui desservent leur cause. Quand je vois des femmes traiter les hommes de tous les noms, juste parce qu’ils sont hommes, désolée mais j’ai juste envie de les gifler, et surtout ne pas les écouter.
Militante de l’humanité c’est bien ça 🙂
Ce week-end, je participais à un salon du bien-être et spontanément une amie m’a conseillé le livre « Unplugging the patriarchy » de Lucia René (pas encore traduit en français apparemment). Cela a fait écho à ton article et nos échanges sur le sujet. A priori, elle y expose une théorie assez unique pour esprits très très ouverts. J’ai attrapé le lien vers une interview d’elle sur youtube que je n’ai pas encore eu le temps de regarder. Je voulais juste partager au cas où ça intéresse quelqu’un et avant d’y mettre mon filtre personnel.
https://www.youtube.com/watch?v=42FmhQcUB2c
Super je vais voir ça de ce pas !
J’ai regardé la vidéo en entier hier, bof je en suis pas du tout transcendée (tu comprendra mieux pourquoi peut-être avec mon article humeurs à paraître ce vendredi matin…), si vous n’êtes pas très chakra et spiritualité indienne passez votre chemin ça va vous gonfler. C’est très abstrait même si quelques phrases peuvent être intéressantes sauf qu’encore une fois nous n’en savons rien, nous aurons peut-être la réponse à tout ça à notre mort ^^, si cette dame pense avoir la réponse et est fixée dessus tant mieux mais je ne la suivrais pas. Je pense que c’est intéressant mais qu’il y a bien d’autres explications à tout ça.
Oui, le système éducatif et culturel intériorise insidieusement chez les petits « mâles », et même chez une partie des grands, une supériorité et des avantages situationnels.
Je n’y ai pas échappé et je sais le chemin pour comprendre et opter pour le respect sans arrière-pensée.
Mais j’avoue être assez étonné, et même un peu déçu, par la « violence » et le pessimisme du discours. J’aime tant voir les fossés de séparation et d’incompréhension comblés plutôt que creusés.
Je n’ai pas réussi à me « classer » dans l’une des deux cases : vrai ou faux féministe ? Peut-être n’ai pas d’affinité pour les mots en « iste », tout simplement, ou pour les cases.
« Homme et femme confondus », ça existe, avec la rareté de toute chose précieuse, mais il faut chercher au bon endroit, et en concevoir honnêtement la possibilité et la nécessité (spirituellement parlant, puisque ce siècle le sera ou ne sera pas).
Moi, en tout cas je ne baisse pas les bras, je pars du principe que tout est possible aux bonnes volontés, et j’observe d’ailleurs objectivement que l’humanité avance en sagesse et en tolérance.
Et si un jour, je perds le courage d’y croire et d’y travailler, j’espère qu’il me restera quelques ultimes forces de lucidité pour transmettre à d’autres un message positif d’espoir et non mon sentiment partial d’inachevé.
Salut Fabien,
Je te comprends et je les comprends dans le sens où il est vrai que les trois quart des hommes ne sont absolument pas féministes et n’en ont rien à faire (consciemment ou inconsciemment) et que le quart restant a aussi “des restes” donc je comprends celles qui ne veulent plus perdre d’énergie à argumenter auprès de personnes qui auront forcément toujours une difficulté (logique) à se mettre à la place des femmes. Même les “victimes” (les femmes) ont intégré de nombreux comportements machistes alors qu’ils ne sont pas à leur avantage alors je te laisse imaginer le travail de déconstruction quant aux hommes qui sont avantagés naturellement par cette situation… la réaction de ces féministes est celle de femmes qui a chaque fois y ont cru, ont cru voir un homme totalement féministes et ont été encore plus déçu quand elles se sont rendu compte qu’en fait non. Les “trahisons” des amis sont toujours plus cruelles que celles des ennemis affichés.
D’un autre côté, comme toi je suis plutôt optimiste (sans être au pays des Bisounours) et je comprends que cela puisse te paraître “violent” ou négatif mais les femmes en ont plus que marre donc c’est une réaction et je ne la juge pas car je n’ai aucune “solution toute faite” sur le sujet, je fais juste comme je l’entends. Le dialogue lorsqu’il est à sens unique et face à des hommes qui ne comprennent jamais vraiment totalement la situation, ne”voient pas où est le problème” est extrêmement usante et je comprends qu’avec les années et les échecs on ne veuille plus se fatiguer, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas peut-être 5 % des hommes qui soient de vrais féministes… En bref je te comprends mais la priorité reste quand même les femmes et leurs droits qui sont victimes, même si je ne sais pas si l’ignorance est une solution.
Tout cela est très compliqué et quand on y réfléchit depuis des années on en saisit l’ampleur. Je veux croire qu’un jour l’égalité totale sera naturellement appliquée et que nos fils, pères et compagnons seront totalement au même niveau que nous mais à mon avis ce sera dans au moins 200 ans pour un changement massif…
Cette réaction Fabien est celle que peut-être seule une femme peut comprendre car elle l’expérimente et la ressent au quotidien. A force, oui, on n’a plus envie d’y croire, on est fatiguée, on se dit ” – Pfff, encore…” donc en, tant que femme je ne vais pas dire à celles qui ont choisi cette voie “vous êtes faibles, faites encore un effort” parce que justement des efforts on en fait déjà plus qu’assez au quotidien et que oui, mouliner dans le vent c’est fatiguant alors on se protège. Personnellement j’ai choisi un autre solution, celle de ne laisser passer aucun comportement que je ne supporte pas au quotidien, je me fais respecter et cela marche très bien, je n’ai jamais eu aucun problème avec ça sauf quelques commentaires me traitant de “chieuse” mais je m’en fiche, c’est leur problème. Ceci dit si on me pose une question ou que je vois que le mec en face est intéressé, prêt à entendre mon avis sans juger là je parle, sinon il me semble que c’est juste logique quoi ^^
Tu comprends mieux du coup ou pas ?
Merci pour ta réponse Sabrina.
Je comprends et partage tout à fait le constat navrant de siècles de patriarcat qui ont peint le tableau qu’on observe aujourd’hui. J’imagine aisément le phénomène de lassitude face à la mauvaise foi d’un grand nombre et même la trahison. Enfin, je salue ces 15 années d’efforts, à ramer à contre-courant, et je trouve très intéressante et utile cette nouvelle démarche en direction des femmes seulement.
Là, normalement, j’aurais habituellement mis un « mais ». Ton article m’a notamment enseigné à être très vigilant sur l’utilisation de ce petit mot, qui peut cacher hypocrisie et condescendance.
Je pense parvenir à intégrer dans ma pensée et mon ressenti la souffrance et le sentiment d’injustice qui vivent de nombreuses femmes. Je suis lucide quant à mon conditionnement masculin mais j’ose croire que mon parcours, ma prise de conscience et ma sincérité me donnent les clés pour m’en affranchir.
La seconde chose que m’aura inspiré cet intéressant échange, c’est qu’effectivement il ne revient pas aux femmes de lutter et de perdre du temps à convaincre les plus aveugles d’entre nous. Elles ont le droit de se contenter de l’affirmer et de le vivre directement. C’est probablement de la responsabilité des hommes de faire évoluer leur « classe ».
Alors, j’espère simplement que toutes nos actions seront complémentaires, chacun avec sa sensibilité, ses choix, la mienne comme toujours pacifiquement, presque « bisounoursement », contre toutes les formes d’ignorance et d’inégalité…
A bientôt. Belle journée.
Fabien, encore une fois, vraiment, je tiens à te remercier pour ce que tu es et pour ta capacité extrême à la remise en question et à l’ouverture à l’autre 🙂
La personne que j’ai interviewée ci-dessus ne souhaite même plus lire les commentaires pour te dire à quel point certains sont échaudées du “dialogue” sur le sujet, j’espère toutefois si elle le fait qu’elle verra que l’on peut parler féminisme en toute intelligence sans troll !
Je pense aussi que ce n’est pas aux femmes (sauf dans leur rôle de maman et de compagne) de chercher à faire changer les hommes en permanence car déjà que nous subissons on ne va pas non plus prendre en charge les autres, ce ne serait justement pas très… féministe ! ^^
Ce parcours long et semé d’embûches peut permettre à d’autres féministes d’emprunter un raccourci. Dans mon cas, c’est la non collaboration/discussion/partage avec des hommes féministes. Merci à @cpoef de partager son expérience et de démontrer que le féminisme n’est pas un hobby.
Salut Céline,
Si je puis me permettre, tu considère donc que TOUS les hommes se disant féministes ne le sont pas ? (simple question hein puisque ce n’est pas forcément mon expérience donc j’essaie de comprendre).
En réalité je n’en connais pas, mais les expériences que je je lis de plusieurs féministes me poussent à ne pas rentrer en contact avec eux. Comme l’écrit @cpoef, “les hommes et les femmes ne sont pas confondus” les hommes ont obligatoirement des limites dans la compréhension du féminisme. Je me dis simplement que je gagne du temps en interagissant pas avec eux. Et j’ai beaucoup de copines féministes, inutile pour moi d’aller chercher du côté des hommes. La récente polémique au sujet de Baptise Beaulieu est très éclairante. Sa lettre a été partagée, approuvée de nombreuses fois, alors qu’il ne faisait que répéter ce que des féministes disent depuis longtemps. Dans cette “affaire” j’ai été bloqué par un des rares hommes que je suivais sur twitter ( pour son engagement contre les violences gynécologiques ) il n’a pas apprécié que je soutienne quelqu’un qui mettait en doute la légitimité de Baptise Beaulieu à parler de sexisme.
D’accord, je comprends 🙂