Depuis toujours je vois la beauté en chacun. Certes tout le monde ne répond pas aux canons de beauté à proprement parler mais je trouve toujours et sans effort chez l’autre ce qui le rend beau.
On m’a souvent dit ” – Mais comment peux-tu trouver quoi que ce soit à cette personne ?!”. Eh bien c’est parce que je dois avoir une aptitude à capter les bons côtés de l’être que j’ai en face de moi.
Peut-être sa laideur ne m’intéresse pas. Peut-être suis-je sélective, positivement sélective.
Je crois fermement en notre force, à chacun. Nous avons tous de belles choses en nous, même ceux qui se sont laissé aller à leurs pires vices ont des moments de grâce. Étrangement même, ceux-là ont des beautés encore plus fortes que d’autres êtres plus “neutres”. Comme lorsque les professeurs d’écoles pestent contre ces élèves difficiles mais auxquels au final ils s’attachent le plus.
Quand je dis “beauté” j’entends ici la beauté qui touche le cœur et pas uniquement les yeux, celle qui s’incarne dans la chair par des mimiques ou des attitudes issues des pensées.
Un regard cherchant l’approbation capté par hasard chez celui qui revêt d’habitude en permanence une carapace. Une grâce dans la démarche chez celle qui déteste ses courbes et qui par ailleurs est plutôt mesquine mais qui garde une certaine fraîcheur. Un nez fier et qui inspire le dynamisme chez ce collègue pas forcément réputé pour son physique. Du velours dans les yeux de cet autre qui se fait sans arrêt dominer, écraser.
Je trouve beaucoup de gens beaux là où la plupart ne voient que laideur.
Qu’est-ce qui me différencie de ceux-là ? Ai-je un iris différent qui déforme ce que je vois ? Non.
C’est plus loin en arrière, dans mon crâne que cela se passe.
Certes j’ai eu longtemps une fâcheuse tendance à projeter ma vision intérieure du monde sur celle des autres, croyant que tout le monde était comme moi. Mais même depuis que j’ai compris que tout le monde n’a pas cette sensibilité, cette envie de partage je persiste à voir en l’autre la beauté.
Malgré les coups bas, malgré la méchanceté il y a toujours un de ces moments de grâce.
“…nous avons tous ces bonnes parts de nous qui ne demandent qu’à s’exprimer et qui ressortent par les pores de notre peau face à ceux qui savent les capter, qui n’attendent pas que de nous du mauvais.”
J’y vois le signe, très positif que nous ne sommes pas figés dans nos habitudes et que l’être humain est surprenant. J’y vois le signe que, malgré les épreuves de la vie qui en aigrissent beaucoup, les rendent vils, nous avons tous ces bonnes parts de nous qui ne demandent qu’à s’exprimer et qui ressortent par les pores de notre peau face à ceux qui savent les capter, qui n’attendent pas que de nous du mauvais.
Je ne vous dit pas d’entrer dans le monde des Bisounours mais simplement de faire cet exercice que proposent d’ailleurs certains maîtres de méditation qui consiste à “embrasser” son ennemi et à lui vouloir du bien dans le but de dépasser une certaine négativité intérieure qui ne peut rien emmener de bon.
Conclusion : pour aider ce monde à s’améliorer, à se bonifier pourquoi ne pas tenter de voir en chacun de vos ennemis dès aujourd’hui ce qui fait leur beauté ?
Hello !
Je suis contente de lire ton article car je me retrouve dedans. On m’a souvent fait la remarque de ne voir que le bon partout, chez les autres. Et je me suis longtemps posé la question du pourquoi. Pourquoi est-ce que je pars toujours du principe que les autres sont “beaux” comme tu dis. Au final, je pense que je dois être un peu naïve (beaucoup même d’après un de mes proches). Mais je le vis bien. La beauté est tout de même très subjective, et je ne pense pas être la seule à l’associer à quelque chose de plus profond : le caractère. Et oui, c’est vrai, j’arrive à occulter les mauvais côtés des gens, mais c’est aussi sûrement parce que quand on est obligé de travailler avec des gens pas sympas, il vaut mieux voir les points positifs que négatifs. Venir au boulot à reculons c’est quand-même beaucoup plus dur que d’y aller en se disant que chacun à du bon en soi et que de toute façon nous ne sommes pas obligés de tous nous entendre comme des amis. C’est aussi un moyen de protection je crois. Une collègue à moi l’an dernier à passé son temps malade à cause de la bêtise des autres. Et tout ça parce qu’elle portait trop d’attention à leurs défauts, leur méchanceté.
Cela dit, il y a quand-même des gens que je n’aime pas et en qui je ne vois rien de positif. Mais ils sont très peu nombreux et en général je fais en sorte de les éviter. Du coup je reste zen. C’est bon pour la santé !
Et je rebondi sur ton allusion aux enseignants qui râlent après leurs élèves et qui au final s’attachent à eux. Je fais partie de ces enseignants justement. Et c’est tellement vrai ! haha ! On leur mettrait bien des claques des fois, mais au final on les aime nos cancres.
Oui, peut-être que cela part d’une naïveté mais j’ai perdu la mienne aujourd’hui et je t’assure que ça reste donc ce n’est pas que ça.
Moi aussi j’ai des exceptions rares à ma règle que je trouve ignobles dans tous les sens du terme. Peut-être que c’est un moyen de défense comme tu dis, un moyen pour rester plus positif parce que c’est voir ce qu’il y a de beau en l’autre malgré qu’il énerve, c’est lui reconnaître des qualités dans la noirceur et donc peut-être avoir un peu plus d’espoir dans la vie.
Ceci dit moi en tout cas ça ne change pas grand chose à ma vision du monde puisque je trouve que l’on a tous des côtés bons et mauvais (certains avec un penchant pour l’un ou l’autre) et que voir ces bons côtés ne me rendra pas plus encline à me laisser avaler par leurs mauvais cotés, je crois que c’est là l’essentiel ^^
Pourquoi tu dis aux gens de ne pas entrer dans mon monde ? Y’a de la place pourtant !
Ton « aptitude à capter » la grâce cachée d’une personne, preuve qu’elle existe en toi, me fait une fois de plus penser à Guy Gilbert (je sais je radote) quand il explique qu’il va chez un juge récupérer un jeune de 15 ans multirécidiviste, un sauvage dont la justice ne sait même plus quoi faire, et qu’il l’emmène là-bas dans la bergerie de Faucon, où pourra renaître sa confiance et sa capacité à exprimer sa beauté, notamment par la relation à l’animal. C’est un parcours du combattant jalonné d’échecs mais il en est intimement persuadé à chaque fois, et pourtant je crois qu’il se consacre aux « pires » et qu’il est loin d’être naïf. Honnêtement, je pense que tu devrais l’interviewer, il te plairait.
Ca me fait aussi penser aux auto-stoppeurs, que je m’efforce de ne pas « sélectionner » sur l’apparence (allez on l’a tous fait !). Bon, parfois ça donne des échanges loufoques, voire pesants, mais d’autres fois, ça dépasse mes espérances de découvrir ce qui se cache sous l’habit sale ou la gueule cassée. Pareil chez des personnes dans la misère que mes activités m’ont souvent amené à croiser.
Merci pour ton article, il m’a mis du soleil dans le cœur, en faisant remonter plein de rencontres magiques.
Juste à propos du mot ennemi, mais ça c’est mon côté bisounours, j’ai adopté le réflexe du Dalaï Lama (plus dur à interviewer lui !) qui préfère parler d’un « précieux auxiliaire de sa carrière spirituelle ».
Mais sur le fond tu as bien sûr raison : « Bénit ton ennemi, et tu lui dérobes ses flèches ». (Florence Scovel Shinn).
Oui bien sûr, Guy Gilbert serait passionnant en interview, je verrais ça si j’ai le temps ^^
Je pense aussi que savoir voir le beau c’est avant tout savoir le voir en soi, le connaître et doc savoir le reconnaître. Après bien sûr je en dis pas d’être Bisounours mais juste plus ouvert au fait que nous sommes multi-facettes et pas binairement bon ou mauvais (dans l’autre sens aussi l’effort est important car l’adoration nuit tout autant que la détestation).
Un ennemi nous en apprend beaucoup plus sur nous-même en un temps réduit qu’un ami c’est évident, car il touche à ce que nous devons travailler, en cela il faut accepter leur présence. Ensuite, cela donne une impulsion pour changer ce qui ne va pas en soi mais il faut vite passer à autre chose sinon alors le bénéfice n’est plus. Côtoyer le ma trop longtemps est rarement source d’épanouissement à mon avis donc ne pas penser qu’il faut aller au devant des ennemis pour évoluer mais accepter ceux que la vie place sur notre route.
Merci Fabien pour ce commentaire comme toujours passionnant !
Très juste, un « ennemi » est un peu comme une flamme. A petite dose, il nous éclaire, au-delà il nous consume.
Tiens , cette histoire de flamme me donne envie de partager un petit conte pour enfants (que nous sommes) qui d’ailleurs se rattache au sujet. Je crois.
C’est un peu long mais si joli…
La petite âme et le soleil :
Jadis, il y avait une âme qui se savait lumière. Comme c’était une âme neuve, elle avait hâte de vivre des expériences. “Je suis la lumière”, disait-elle. Mais elle avait beau le savoir et le dire, cela ne remplaçait pas l’expérience de la chose. Et dans le royaume d’où émergeait cette âme, il n’y avait que de la vie. Chaque âme était grande et magnifique, chacune luisait de l’éclat de l’imposante lumière du soleil. Alors, la petite âme était telle une chandelle au soleil.
Au milieu de la plus grande lumière, dont elle faisait partie, elle ne pouvait ni se voir, ni faire l’expérience de qui elle était vraiment. Elle aspirait de plus en plus à se connaître, et si grande était son désir qu’on lui répondit :
– “Pour satisfaire ton aspiration, tu dois te séparer de nous, tu dois invoquer l’obscurité sur toi”.
– “Mais qu’est-ce que l’obscurité ?”
– “C’est ce que tu n’es pas.”
Et l’âme comprit. Alors, elle se détacha du tout et se rendit dans un autre royaume où elle eut le pouvoir d’invoquer dans son expérience diverses sortes d’obscurité, ce qu’elle fit.
Mais, au milieu de toute cette obscurité, elle s’écria :
– “Pourquoi m’avez-vous abandonnée ?”.
– “Personne ne t’a abandonné, tu as manifesté ton libre arbitre. Maintenant, si revenir est ton choix, il te suffit de te rappeler qui tu es vraiment”.
C’est ce que l’âme fit, riche de ses expériences, consciente du pouvoir de ses choix.
– “Tu peux choisir d’être n’importe quelle partie du tout, petite âme. De quelle aspect de la perfection veux-tu faire l’expérience maintenant ?”.
– “Je choisis le pardon. Je veux faire l’expérience de moi-même en tant que pardon complet.”
Cela créa un défi puisqu’au royaume de la vie, de la lumière et de la perfection, il n’y avait personne à qui pardonner.
– “Personne à qui pardonner ?”, demanda la petite âme incrédule.
– “Personne. Regarde autour de toi. Vois-tu des âmes moins parfaites que toi ?”
– “Je n’en vois aucune. Alors, à qui devrai-je pardonner ?”
A ce moment même, une autre âme se détacha de la foule et lui dit amicalement :
– “Tu peux me pardonner.”
– “Mais de quoi ?”, demanda la petite âme, “qu’est-ce qu’une âme si parfaite que toi pourrait bien faire que j’aie à lui pardonner ?”.
– “Je viendrai dans ta prochaine vie physique et je ferai quelque chose que tu auras à me pardonner”.
– “Mais pourquoi ferais-tu cela ?”
– “C’est simple, je le ferai parce que je t’aime, pour que tu puisse accéder à ton souhait de faire l’expérience du pardon. D’ailleurs, tu as fait la même chose pour moi mais tu ne t’en souviens pas. Nous avons tous été chacune des parties du tout, tant le froid que le chaud, l’heureux que le triste, le haut que le bas, car faute de ce que tu n’es pas, ce que tu es n’est pas. Si tu choisis d’être une chose, quelque chose ou quelqu’un de contraire doit apparaître dans ton univers pour rendre cela possible.”
– “Merci beaucoup”, répondit la petite âme.
– “Je ne te demande qu’une chose en retour”, poursuivit l’âme sympathique.
– “N’importe quoi !”, s’écria la petite âme, toute excitée de comprendre le plan, de savoir qu’elle pouvait choisir l’expérience de tout aspect de son être.
– “A l’instant où je te frappe ou te châtie, à l’instant même où je te fais le pire que tu puisses imaginer, rappelle-toi qui je suis vraiment.”
– “Je te le promets, je te verrai toujours dans la perfection dans laquelle je te tiens maintenant.”
C’est bôôôôô ! 🙂
Dans notre cerveau archaïque nous sommes programmés pour remarquer le détail qui cloche, et pourrait signaler un danger pour soi ou pour l’espèce. C’est pour cette raison que des animaux nés ou devenus anormaux sont rejetés par la communauté. C’est aussi probablement un fondement du racisme, mais on peut se libérer de cette programmation. Ayant longtemps vécu dans une population bigarrée, j’en suis venu à ne plus me souvenir si une personne que je connais a la peau claire ou sombre : ça ne fait plus partie de mes critères d’identification.
Mais ce mécanisme fonctionne en toutes circonstances. Je peux être ébloui en apercevant le visage d’une belle personne puis choqué par un détail qui l’exclut de l’image idéale ainsi projetée, comme par exemple les chevilles “trop” épaisses. Je comprends donc que les femmes qui sont jaugées en fonction de canons culturels souffrent d’autant plus qu’elles sont proches du canon, car le moindre défaut les disqualifie – du moins à ce qu’on leur fait croire. Les hommes ont moins de problèmes avec ça car ce sont eux, en majorité, qui inventent les canons. Ils se débrouillent donc pour que la norme leur soit toujours favorable. Il paraît même que la bedaine est (re)devenue tendance – mince alors, je vais arrêter de faire des abdos ! 😉
Bien sûr, quand on entre en relation avec la personne les critères d’apparence physique passent au second plan. Mais on ne fait jamais abstraction du corps. Une femme qui brille dans la conversation me paraît attirante car, si elle est détendue et ouverte d’esprit, mon cerveau reptilien chuchote qu’elle pourrait devenir une “partenaire”. :-/
Dans ce domaine de la séduction, j’ai souvent remarqué que les personnes belles à voir ne sont pas toujours les mêmes qui m’inspirent du désir. Il est probable que ce soit surtout une affaire de phéronomes. (D’ailleurs tous les parfums me font fuir…) Le désir de voir, celui de toucher et celui de la fusion sexuelle sont bien distincts.
En dehors de la séduction, j’ai souvent été frappé par un autre paradoxe : on est dans un atelier de pratique de soin par les mains, on nous propose de “choisir un-e partenaire” avec qui on va entrer en contact (non sexuel, of course). Depuis longtemps je ne vais plus vers une personne particulière, j’attends que tout le monde ait choisi, et souvent je tombe donc sur la personne la moins attirante du groupe, ou même une qui m’inspire une profonde antipathie. Eh bien, dans ces situations, chaque fois c’est une découverte extraordinaire : la barrière de sympathie/antipathie est très vite franchie. Par ce franchissement, le contact se révèle d’une qualité insoupçonnée.
Donc oui, ce sont des “moments de grâce” ! Mais ils passent aussi par le contact des corps. Sauf que ce contact n’est plus conventionnel : quand on est guidé par les sensations internes la distance se règle automatiquement, les jeunes enfants et les animaux domestiques le savent très bien. (Rien ne me choque plus que de voir des parents obliger un enfant à faire la bise par politesse.)
S’autoriser à régler la distance – même, et peut-être surtout, dans une relation intime – nous permet de communiquer dans le respect de la liberté de chacun, en dehors de toute convention sociale…
Merci Bernard pour ce beau commentaire, rien à ajouter 🙂