8 mars, journée de la femme. Triste besoin que celui d’une société à instaurer une journée pour la moitié de sa population car elle n’est pas encore l’égale de l’autre moitié…
Il n’y a pas grand-chose de plus à dire si ce n’est que les chiffres que vous allez lire ci-dessous sont la partie visible de l’iceberg. Une toute petite partie, focalisée uniquement sur les violences graves faites aux femmes chaque année. Tout cela ne dit rien aux hommes de ce qu’est une vie où la douceur et la soumission sont généralement apprises dès le plus jeune âge pour devenir par la suite des “qualités” que les femmes elles-mêmes croient naturelles tant l’injonction a été lentement et quotidiennement infusée. Les qualités soi-disant naturelles de douceur et de soumission des femmes ne le sont pas. Elles permettent de maintenir un “certain équilibre sociétal” mais, le futur nous le montrera, même si personne ne se départira jamais totalement d’une construction sociale, la femme libre est aussi bête, égoïste et méchante que l’homme… quand on la laisse être.
La douceur et la soumission sont généralement apprises dès le plus jeune âge
pour devenir par la suite des “qualités” que les femmes elles- mêmes croient naturelles
L’égalité réelle c’est laisser les femmes libres de leurs choix, ce qui implique qu’elles ne deviennent plus ces gentils objets dociles dont on a l’habitude. La liberté impose le choix, les erreurs et l’inévitable égoïsme. Tout cela pour dire que, hormis les violences “visibles” faites aux femmes, c’est tellement plus que nous devons combattre. C’est le quotidien, l’infus, le diffus. Tout ce qui mène aux salaires 12 % inférieurs, aux remarques du type “elle a forcément sucé pour avoir ce poste”, aux femmes qui n’osent pas quand elles sont compétentes alors qu’un homme moins compétent fonce… ce genre de choses.
Le féminisme c’est être pour l’égalité entre les deux parties qui composent l’humanité alors,
qui voudrait ne pas l’être ?
Voilà pourquoi il est illusoire de croire que les droits des femmes sont totalement acquis et que le féminisme est dépassé. Le féminisme, disons-le, crions-le, c’est être pour l’égalité entre les deux parties qui composent l’humanité alors, qui voudrait ne pas l’être ? Dire haut et fort, quand on est femme, “je ne suis pas féministe”, etc. c’est montrer son ignorance de ce qu’est le féminisme, de ce à quoi il sert.
Je ne nous souhaite pas une bonne fête, Mesdames, mais je nous souhaite de continuer à lutter pour nos libertés, jusqu’à l’atteindre totalement et sans concessions.
Les pays où les femmes sont réputées pour être les plus féministes et les plus indépendantes sont aussi ceux où elles sont le plus violentées.
D’après cette infographie réalisée et offerte par Stampaprint vous pouvez voir que les pays où les femmes sont réputées pour être les plus féministes et les plus indépendantes sont aussi ceux où elles sont le plus violentées. Alors, est-ce justement parce que les femmes veulent plus de libertés dans ces pays qu’elles dénoncent, portent plus plainte et que donc, nous croyons que la violence envers elles y est élevée ? Est-ce que, dans les pays où les femmes sont plus “soumises” elles portent peu plainte et donc l’on croit que le climat est meilleur ?
N’oublions pas que nos droits, Mesdames, sont très récents. Il existe encore beaucoup de gens qui considèrent réellement les femmes comme inférieures. Nous croisons tous les jours des hommes qui trouvent normal qu’une femme soit soumise à son mari, qui trouvent ridicule que les femmes travaillent car elles n’auraient pas la même intelligence que les hommes, qui détestent les femmes modernes. Souvent, ils ne savent pas réellement dire pourquoi mais trouvent que “les femmes, c’est plus ce que c’était”. En réalité, ils voudraient rester dans un monde inégalitaire car c’est celui où ils sont tout-puissants. Certains hommes ne supportent pas les femmes indépendantes, sont violents envers elles parce qu’elles incarnent la fin de leurs privilèges et qu’ils ne le supportent pas. L’ancien monde leur convenait, ils ne veulent pas en changer mais ces femmes ne leur en laissent pas le choix. Dans les années soixante, une femme ne pouvait ouvrir un compte sans l’autorisation de son mari, les femmes qui couchaient hors mariage étaient publiquement raillées et considérées comme des prostituées. L’avortement et la contraception étaient des considérations de “bonnes femmes” dont la politique se fichait car elle considérait que les femmes étaient faites pour être au foyer avec leurs enfants. C’était il y a à peine soixante ans. De nombreuses personnes ont été élevées dans cet état d’esprit et sont aujourd’hui aux plus hauts postes décisionnaires, forgent nos sociétés.
Certains hommes ne supportent pas les femmes indépendantes, sont violents envers elles parce qu’elles incarnent la fin de leurs privilèges et qu’ils ne le supportent pas. Noublions pas que nos droits, Mesdames, sont très récents. Il existe encore beaucoup de gens qui considèrent réellement les femmes comme inférieures.
Tout cela ne s’est pas effacé comme par magie, cet état d’esprit infuse encore notre société et ce n’est qu’en éduquant nos enfants à l’égalité réelle que nous y parviendrons (nos fils en leur apprenant à respecter totalement les femmes, nos filles en leur apprenant à avoir assez confiance en elles pour refuser la moindre oppression). Mais aucun de ceux qui lisent cet article ne le verra de ses propres yeux, cela prendra du temps. Comme souvent, une idée est d’abord ignorée, puis moquée, combattue et enfin acceptée. Peut-être est-ce ce qui est en train de se jouer ? Peut-être que, dans un climat où l’égalité n’est pas encore réelle, les femmes se font encore plus rabrouer parce qu’elles osent ne pas coller à l’image que l’on attend d’elles. Comme un dernier sursaut avant la chute, comme le fait souvent la maladie en s’aggravant juste avant de disparaître. Pas de réponses mais des chiffres qui montrent encore l’ampleur de la tâche…
Sur le podium européen des violences faites aux femmes :
1/ Danemark
2/ Finlande
3/ Suède
4/ Pays-Bas
5/ France
Merci pour votre article. Vous n’intégrez pas la Russie dans vos chiffre : 1 femme y meurt toutes les … 20 minutes.
Plasticienne engagée, j’ai réalisé des oeuvres sur le sujet des violences faites aux femmes que j’ai pu présenter à 400 lycéens français pour la Journée des Femmes 2018. L’action est aussi la pédagogie et le débat.
Une oeuvre intitulée « Phallocratie », à découvrir : https://1011-art.blogspot.fr/p/phallocratie.html, sur le sujet de la domination sociale, culturelle et symbolique exercée par les hommes sur les femmes.
Quand l’art permet de parler toutefois avec humour de cette prégnance virile !
Mais aussi une série sur les mutilations sexuelles intitulée « Infibulation ». Quand l’art permet de parler directement des MGF et d’ouvrir le débat.
A découvrir : https://1011-art.blogspot.fr/p/blog-page.html
Mais aussi une oeuvre plus pudique intitulée « Noli me tangere » sur l’inviolabilité du corps de la femme : https://1011-art.blogspot.fr/p/noli-me-tangere.html
Dans les trois cas le dialogue fut incroyable avec les élèves .
Bonjour Laurence,
Oui je ne parlais que de la France, comme indiqué dans le titre, d’où le fait que je n’y parle pas des autres pays 🙂
Super votre expo (et les hommes portent de moins en moins la cravate, cela doit vous réjouir dans le symbole!)
Pouvez-vous nous en dire plus sur les réactions des élèves à vos oeuvres ?
Il faut mieux laisser parler les élèves et lire ce qu’ils ont pensé de cette présentation !
le site journalistique des élèves du Lycée : https://champoconnect.jimdo.com/vie-lyc%C3%A9enne/expo-ddf-cdi/
Le site du Lycée : https://www.lycee-champollion.fr/spip.php?article2801
🙂
Bonjour Sabrina,
Merci encore une fois pour cet article si important. Comment explique t-on que se soient les pays du nord, ceux a la reputaton ‘hygge’, peace, calme et respectueux qui sont le plus touchés par les violences faites aux femmes? J’aurais vraiment pensé que l’aspect macho des pays du sud l’aurait emporté. (Je me permets de dire cela étant donnée mes origines latines, je connais bien donc). Y a t-il une explication ?
belle journée. Elodie
C’est vraiment difficile à dire et très complexe comme sujet, personnellement je ne vois pas de piste d’explication “évidente”… Certains parlent de corrélation avec la consommation d’alcool mais enfin l’alcool ne fait que “révéler” notre éducation ou manque d’éducation… En revanche, plus largement, j’avais une théorie à propos des violences faites aux femmes. Il pourrait y avoir un regain des violences envers les femmes dans les pays très féministes tout simplement comme il y a souvent un regain de fièvre juste avant la guérison d’une maladie (tu vois ce que je veux dire ?). Ce serait justement parce que les femmes conquièrent de plus en plus de droits et de place dans la société que certains, en réaction, reviennent vraiment en arrière et leurs vouent une haine visant à endiguer le phénomène. Ils voient que tout cela avance beaucoup et tentent alors de freiner ces “audacieuses” qui “bouleversent l’ordre de la société” qui leur convient à eux parfaitement.
Bonjour,
il y a un thème dont on ne parle presque pas, qui est encore un immense tabou en France: la violence médicale intime envers les femmes, et plus particulièrement, le viol médical.Il faut savoir que chaque jour, des centaines et peut-être des milliers de femmes subissent des violences en milieu médical, le pire de tout étant que leurs auteurs sont “protégés” par leur corporation et leur hiérarchie, sont riches, ont le bras long! Pour avoir porté plainte par deux fois contre des médecins je sais malheureusement de quoi je parle; ces violences intimes graves ne sont hélas pas sanctionnées …ou très très rarement, il faut attendre que 72 ou 80 victimes osent se déclarer et se faire connaître…(voir à ce sujet les articles sur internet sur le docteur hazout, gynécologue violeur).Je pense que sur ce sujet on devrait faire des cours dans les ecoles, colleges, lycees et facs, universités! C’est comme pour la pedophilie, il faudrait informer, parler aux jeunes, bien avant qu’il ne soit trop tard. ça devrait être obligatoire dans les programmes scolaires de toutes les filières.L’education nationale a beaucoup à faire dans ce domaine de la prevention, pour que les enfants, les filles cessent un jour d’être prises pour des proies par des mecs soumis à leurs plus violentes pulsions.
Bises
libellule d’ambre
Eh bien alors vous êtes au bon endroit car ici on en parle beaucoup (et encore plus avec le relai d’articles sur la page Facebook du blog.
J’étais la première journaliste en France à rédiger un dossier de plusieurs pages sur les violences médicales faites aux femmes (article à lire gratuitement et en intégralité ici : La médecine est-elle violente envers les femmes ?) 🙂
Je laisse la parole à une petite fille un peu concernée par la connerie humaine masculine :
“Les femmes sont des soldats qui luttent et souffrent pour la survie de l’humanité, beaucoup plus braves, plus courageuses, que tous ces héros de la liberté avec leur grande gueule.”
– Anne Frank – (Le journal d’Anne Frank )
Génial, merci Fabien 🙂
Je pense toutefois qu’une fois l’égalité et la liberté “parfaites” atteintes les femmes se laisseront autant aller que les hommes à leur bêtise car pour moi il ne s’agit que de ça, de laisser-aller…
Certaines oui (elles le font déjà ! ), mais dans l’ensemble tout avancera dans le bon sens qui ne doit rien au hasard, mais comme tu dis, nous ne le verrons pas avec nos yeux actuels, ce qui n’empêche pas d’en préparer les conditions.
On n’oublie souvent que la lutte continue, que les droits acquis sont encore très récents. MERCI POUR CE JUSTE RAPPEL SABRINA.
Oui, perso quand je regarde en arrière je trouve que là où nous sommes en si peu de temps c’est à la fois désespérant et, en même temps génial, car finalement c’est une belle marge de progrès depuis les années 60 !
Un rappel nécessaire !