Chaque année des individus se rendent malades, physiquement et mentalement, car leur recherche d’une alimentation saine tourne à l’obsession. Vous avez peut-être un proche dont c’est le cas. Alors tentons ensemble de mieux comprende ce que tout cela peut recouvrir…
Après vous en avoir parlé sur France Inter, j’y reviens plus en détail sur le plateau télé du Monde en Face sur France 5. En compagnie d’Alain Ducasse, d’une sociologue de la santé et d’une nutritionniste, Marina Carrère d’Encausse lance la discussion autour de la question “qu’est-ce que le manger sain de nos jours ?”
Je vous laisse découvrir la suite en visionnant l’émission : Manger sain : info ou intox ?
L’orthorexie est une fixette pour l’alimentation saine qui tourne… à l’obsession. L’orthorexie c’est le fait d’axer sa vie et son identité autour de la recherche d’une alimentation parfaite pour la santé. On passe beaucoup d’heures à réfléchir à ce que l’on va manger, on ne parle que de ça dans nos discussions, on ramène tout à l’alimentation.
Contrairement à ce que l’on croit, les régimes alimentaires type végétarisme/lisme, crudivorisme, etc. n’ont rien à voir avec l’orthorexie mais ils servent souvent de supports à l’obsession orthorexique. L’orthorexique, en quête de pureté alimentaire, va petit à petit s’imposer des règles alimentaires drastiques d’éviction, de cuisson et autres. Il arrive donc très souvent que l’orthorexique se tourne vers le vegétarisme/lisme, etc mais ces régimes alimentaires n’ont aucun rapport avec l’orthorexie. Pratiqués l’esprit sereins par des personnes qui n’ont pas un profil orthorexique, ils relèvent du choix personnel. On peut donc être végétalien/crudivore/frugivore ET orthorexique mais tous les végétaliens/vegans/crudivores ne sont pas orthorexiques. C’est important de le préciser.
Vous vous reconnaissez dans la description de l’orthorexie ? Vous faites partie de ceux qui ont divorcé ou gâché plusieurs mois de leur vie à cause de cette obsession alimentaire du sain ? N’hésitez pas à venir échanger en commentaire sur ce sujet trop tabou !
Pourquoi devient-on orthorexique ? Mon analyse :
En préparant ces émissions j’ai réfléchi longuement au sujet et crée quelques graphiques qui présentent mes théories. Je souhaite les partager avec vous. (NB : les propos qui suivent sont une interprétation personnelle issue de mon expérience et de mes observations/échanges avec d’autres orthorexiques, ils peuvent être imparfaits mais s’efforcent d’aborder le sujet franchement)
Avec le recul, je trouve que l’orthorexie serait un peu la transformation de l’alimentation en religion. Il y a des dogmes, des rites, des fidèles, une communauté qui échange autour de cela et se retrouve. Les orthorexiques ressemblent beaucoup aux “nouveaux convertis” à une religion. Ce sont souvent les plus extrêmes, ceux qui veulent appliquer les dogmes d’une manière drastique, quitte à parfois, sans le savoir, faire n’importe quoi. C’est pour cela que, souvent, le dialogue avec les proches est difficile voire impossible. Comme en religion, l’orthorexique croit en des dogmes qu’il pense indéboulonnables, qui structurent sa vie et qu’il ne souhaite pas remettre en question.
L’orthorexie serait un peu la transformation de l’alimentation en religion. Il y a des dogmes, des rites, des fidèles, une communauté qui échange autour de cela.
L’orthorexique est dur à vivre car il s’inquiète pour lui mais aussi pour ses proches. Il voudrait que chacun applique comme lui l’information qu’il détient (ou croit détenir). Cela résoudrait, selon lui, beaucoup des problèmes du monde : bien-être animal, santé, écologie, etc. L’orthorexique se dit qu’il va vivre très longtemps grâce à son exemplarité alimentaire et voudrait forcément appliquer cela à ses proches, les éduquer, les prévenir, les “convertir”.
Détox, isolement social… des conséquences dangereuses :
Le parcours du jeune orthorexique commence par un fort enthousiasme : sa nouvelle religion le rend heureux et donne parfois un sens à sa vie. Il reprend un peu de contrôle sur ce monde devenu incontrôlable. Or cette nouvelle religion de l’alimentation-santé à l’extrême a tellement de chapelles (qui sont tenues par des gourous tellement déconnectés des réalités ou aux thèses alimentaires fantaisistes voire dangereuses) que l’orthorexie est devenue une religion particulière, difficile à cerner, multiple, mouvante. Cette religion a aussi ses mythes, comme celui de la détoxination, qui justifient d’endurer toutes les souffrances dues au “parcours religieux”.
Cette religion a aussi ses mythes, comme celui de la détoxination, qui justifient d’endurer toutes les souffrances.
L’orthorexique, dans sa quête de “pureté alimentaire” se retrouve rapidement avec à peine quelques aliments à manger.Conséquences : il peut souffrir de carences, fatigue, perte de cheveux importante, problèmes dentaires, amaigrissement… Il va s’entendre dire par de nombreuses “chapelles alimentaires” que c’est la “détoxination”, que son corps évacue le résultat d’une vie d’alimentation industrielle. Or c’est totalement faux. Le corps se nettoie de lui-même en permanence et perdre ses cheveux, s’amaigrir dangereusement ou avoir des problèmes dentaires/dermatologiques ne sont pas des signes de détoxination mais de malnutrition, de carences. Emporté par le discours de quelques gourous alimentaires du web, le nouveau converti va commencer à questionner et se laisser convaincre que cet enfer corporel n’est que passager, qu’une sorte de nirvana corporel l’attend s’il parvient à passer ce cap. Cela peut durer des mois jusqu’à ce que le nouveau converti soit sombre, soit commence à se dire qu’il fait fausse route (et à se diriger vers une nouvelle chapelle ou vers la fin de l’orthorexie).
Emporté par le discours de quelques gourous alimentaires du web, le nouveau converti va commencer à questionner et se laisser convaincre que cet enfer corporel n’est que passager, qu’une sorte de nirvana corporel l’attend s’il parvient à passer ce cap.
Sentiment de puissance, communauté… pas toujours facile d’ouvrir les yeux :
L’orthorexie est, selon moi, renforcée par plusieurs phénomènes :
* Mécanisme humain de renforcement de la décision : les sociologues expliquent que, quand un être humain s’engage publiquement (ou devant témoin) dans une voie, il a tendance à y persévérer même s’il se rend compte finalement que cela ne lui convient pas ou qu’il se trompe carrément. Si l’orthorexique sermonne durant des mois son entourage, qu’il façonne son quotidien essentiellement autour de sa nouvelle alimentation (achat d’équipement, nouvelles activités, engagement dans des groupes sociaux, changement de lieux fréquentés) et s’il s’engage en plus devant ses proches (en mettant en avant ses hautes qualités morales à le faire), il aura beaucoup de mal à revenir en arrière, par fierté.
Si l’orthorexique sermonne durant des mois son entourage, façonne son quotidien autour de sa nouvelle alimentation (achat d’équipement, nouvelles activités, engagement dans des groupes sociaux), il aura beaucoup de mal à revenir en arrière par fierté.
Des peurs toutefois bien légitimes :
Ceci dit, il faut comprendre que les racines profondes de l’orthorexie proviennent de peurs et de prises de conscience qui sont, à la base, tout à fait légitimes :
- Il y a une difficulté réelle aujourd’hui à “bien manger”. Pour échapper aux cancérigènes et autres produits nocifs invisibles, la lecture attentive des étiquettes devient une obsession que certains poussent jusqu’à l’orthorexie. L’existence de pathogènes et cancérigènes invisibles et la prise de conscience de l’impossibilité de fier sa santé alimentaire aux hypermarchés constituent des angoisses légitimes. L’envie de se protéger contre ces ennemis alimentaires inodores et incolores entraîne une réaction radicale pour être sûr de s’en préserver.
- L’urgence écologique et l’urgence face au mal-être des animaux industrialisés génèrent un sentiment d’impuissance et d’horreur réels et intenses. L’orthorexique se dit que le monde est fou. Il hurle comme il peut pour que ceux autour de lui aient la même prise de conscience. Le consommateur passif de ces dernières années devient un consommateur actif. Prendre soin de son alimentation c’est aussi en quelque sorte pour beaucoup d’urbains, se reconnecter à la nature.
- L’orthorexique part souvent d’une bonne volonté, d’une envie de bien faire (manger sain, respecter les animaux) mais se laisse dépasser par son angoisse. Son alimentation et l’organisation de cette dernière prennent le pas sur tout le reste de sa vie. Son identité n’est quasiment plus qu’exclusivement vue et revendiquée à travers/par et pour l’alimentation telle qu’il la prône.
L’envie de se protéger contre ces ennemis alimentaires inodores et incolores entraîne une réaction radicale pour être sûr de s’en préserver.
Pour en finir avec l’orthorexie :
Voici quelques humbles conseils que je donne à tous ceux qui pensent être orthorexiques :
- Il faut savoir qu’il y a toujours une sorte d’euphorie physique et mentale durant les premières semaines d’un changement alimentaire, quel qu’il soit. Le corps, quand on change son alimentation, induit de nouvelles réactions, notamment hormonales, qui ne durent que le temps de la transition. Pour savoir si un régime alimentaire convient il faut donc l’avoir adopté sur la durée. C’est pour ça que très souvent l’orthorexique ne le reste en moyenne que quelques mois (moins d’une année).
- Chaque corps réagit différemment. Hommes/femmes, d’origines géographiques diverses (cf. atavisme) : personne n’a la même réaction à un régime alimentaire. Certains qui vont mieux sécréter telle ou telle hormone peuvent mettre plus longtemps avant de s’apercevoir de carences, d’autres le sentent très rapidement.
- La santé globale passe par le physique ET le mental. Or la fixette orthorexique bride le mental, oublie le plaisir, fait passer l’utile avant, refuse toute concession, toute souplesse. Oublier la moitié de ce par quoi passe la santé est totalement contre-productif.
Vouloir manger sain va toujours entraîner une période d’apprentissage de nouvelles habitudes qui peut être difficile à passer mais, entre la voie du découragement et celle de l’obsession orthorexique il y a une voie du juste milieu.
Conclusion : vouloir manger sain va toujours entraîner une période d’apprentissage de nouvelles habitudes qui peut être difficile à passer mais, entre la voie du découragement et celle de l’obsession orthorexique il y a une voie du juste milieu.
L’idéal reste donc (pour ne pas faire de concession à sa santé ni à sa préoccupation envers l’environnement) d’appliquer trois principes très simples :
- Manger bio le plus possible (pour éviter le maximum de pesticides).
- Manger brut et cuisiner soi-même (pour éviter la pollution des emballages, les additifs, colorants et produits chimiques ajoutés).
- Manger local (parce que le bio français est de meilleure qualité et pour éviter l’impact écologique).
- Enfin, écoutez-vous avant d’écouter les autres ! La vérité est qu’en dehors de quelques règles de bon sens connues depuis des millénaires, chacun doit trouver par lui-même l’alimentation qui lui convient, tant au niveau plaisir qu’au niveau santé. C’est dur mais cela vous évitera de perdre des mois à errer de chapelle alimentaire en chapelle alimentaire, des conflits avec vos proches et une énergie dépensée inutilement.
Et vous, pourquoi croyez-vous que l’on devient orthorexique ?
Bonjour, je suis actuellement en deuxième année à l’école professionnelle et commerciale (Suisse). Je fais actuellement un dossier sur l’orthorexie et je voulais savoir si vous seriez d’accord de répondre à une dizaines de questions concernant le sujet et votre expérience personnelle. Merci d’avance pour votre réponse et bonne journée ! 🙂
Bonjour Coralie, malheureusement répondre favorablement à toutes les demandes de ce type représenterait pour moi un travail à temps plein… Je ne vais pas pouvoir accéder favorablement à votre requête mais vous souhaite toutefois toute la réussite possible !
Bonjour Sabrina,
Je suis en train de rédiger un mémoire sur l’orthoréxie dans le cadre de ma reconversion en tant qu’ hypnothérapeute et je pense que l’hypnose est une des solutions pour aider les personnes souffrant d’orthoréxie, notamment car l’hypnose apprend à lâcher prise. Je suis tombée sur ton site alors que je suis à la fin de la rédaction de mon mémoire mais il me conforte sur ma propre analyse. Tu as fais un travail exceptionnel pour résumer ce trouble complexe de manière très didactique. La dimension quasi “religieuse” de l’orthoréxie est très bien abordée dans ton article et me donne un angle d’attaque supplémentaire pour mes séances d’hypnose. Merci pour ce témoignage!
Si ce n’est pas indiscret: as-tu été suivie par des diététiciens, thérapeutes ou psy pour arrêter ou y es-tu parvenue juste grâce à la prise de conscience? Merci d’avance pour ta réponse.
Bonjour Ariane et merci pour ce commentaire, mon orthorexie était plutôt légère et surtout due à mon métier (beaucoup d’informations santé) et donc non, je n’ai pas eu de suivi ou quoi que ce soit pour mettre un terme à mon orthorexie 🙂
Merci Sabrina, pensez-vous que pour les personnes étant arrivés au stade obsessionnel, l’hypnose pourrait être une solution? L’hypnose implique un lâcher prise que les orthoréxiques par définition ont du mal à accepter mais, justement une fois ce lâcher prise mis en place par le thérapeute peut mettre en place une reprogrammation du rapport à l’alimentation. Si vous avez eu des témoignages dans ce sens, je suis preneuse. Merci encore!
Je n’ai reçun aucun témoignage en ce sens, en fait je n’ai jamais entendu un ex orthorexique avouer qu’il l’a été, hormis moi. Tout est bon à explorer j’imagine 🙂
Je pense que le problème principal est le manque d’information. On se jette sur le premier régime sans avoir la base de la nutrition. C’est ce qui expliquait l’effet YoYo qui me suivait depuis des années.
Mais une fois que j’ai lu beaucoup de livres sur le sujet de la nutrition naturelle, j’ai acquéri un sens de la critique NÉCESSAIRE pour peser le pour et le contre des régimes qu’on nous met sous le nez.
Et puis je pense qu’il s’agit tout d’abord de choisir le résultat désiré.
J’arrive un peu après la bataille… mais je n’avais pas, jusqu’ici, pris le temps de regarder le documentaire. très intéressant et révélateur des limites, quel que soit le type d’excès (mal bouffe vs “trop” soi disant bonne bouffe)!
mais il me semble qu’au-delà de l’orthorexie, il existe aussi une autre sorte de pression : je ne sais pas du tout comment on peut la nommer, mais elle est tout à fait liée aussi à la relation santé / bien-être. je m’explique !
ayant subi de plein fouet l’effet boomerang dans ta tronche à l’arrêt de ma pilule (acné +++), j’étais complétement désemparée sur les “solutions” : que faire pour limiter les dégâts ? devant la maigre considération du corps médical (c’est encore un autre sujet), je me suis débrouillée toute seule… et là, c’est le drame.
“non mais c’est le gluten” “non mais c’est le lait” “non mais c’est tes cosmétiques” “non mais c’est le saucisson” “non mais c’est le chocolat”
–> non mais merdeuh ! je ne vais plus rien manger ou quoi ? sachant que je consommais déjà quasiment plus de viande et beaaauuucoup de légumes, que j’étais modérément gourmande…bref, que j’avais depuis longtemps une alimentation équilibrée et dans la mesure du possible, respectueuse de l’environnement et des humains (local +++ et aucun plats préparés ou équivalent : je fais ma popote).
et là, franchement, c’est aussi une pression qui est dure à vivre, car on ne sait plus quoi manger ! Et ce constat va au-delà du problème de l’acné ! ayant aussi des maux de ventre chroniques (que j’estime être bien bien influencés par mon système repro qui chie un peu mais un jour je vais arriver à comprendre), j’ai eu le même réflexe de chercher l’info et globalement, j’ai lu les mêmes “recommandations”
“non mais c’est les fodmap” “non mais c’est le gluten” “non mais c’est les produits laitiers” “non mais c’est…”
et rebelote, manger devient une véritable angoisse car on a l’impression de faire des erreurs et d’empirer notre état (alors que j’ai pu remarquer qu’il y a un gros effet de “j’ai peur de manger” –> “je mange pas sereinement” –> “j’ai mal au ventre” –> “j’arrête de manger du coup” etc… une somatisation globale qui s’installe et qui n’arrange rien du tout si ce n’est de nous rendre malheureux.
je ne sais pas si je suis claire, mais en gros, j’essaie de dire qu’on se fout tous la pression les uns les autres en croyant détenir laaaaa vérité sur “pourquoi tu as des boutons” ou “pourquoi tu as mal au ventre” et on finit par être tous névrosés car on ne sait plus quel régime adopter. 🙂 et c’est quand même bien bête (quand je dis nous, j’inclus les blogs, les pros, les discussions banales en soirée, etc….). et que même si c’est tarte à la crème (ah bah bonjour les boutons), je crois que même si le lien santé/alimentation est indéniable et incontestable, il y a d’autres facteurs qui rentrent en compte.
et d’ailleurs, mes 3 mois d’antibio pour l’acné (alors que j’étais réticente et dubitative) ont très bien fonctionné (mais c’était couplé avec une alimentation et une hygiène de vie équilibrées !).
bon, ce n’est pas un coup de gueule, mais ça y ressemble un peu 🙂
merci sabrina en tout cas de mettre en lumière ces questions là !!!
Amen LuluCooper ! Tu mets le doigt sur un véritable phénomène de société que j’ai aussi observé en tentant à chaque fois d’expliquer aux gens d’arrêter de culpabiliser quelqu’un systématiquement parce que la réponse est souvent profonde, globale et que, quand un problème de santé est “trop fort”, le facteur alimentation reste important mais souvent pas “décisif” pour traiter les symptômes. J’ai découvert cela exactement dans le même cadre que toi : arrêt de la pilule, gros bouleversements hormonaux, acné, troubles divers et chroniques très désagréables. Mon corps s’en remet à peine et cela fait trois ans que j’ai arrêté la pilule. Ni le fait de manger du gluten ou des produits laitiers n’a joué un rôle réellement décisif dans la disparition de mes symptômes, en revanche le temps et l’auto stabilisation hormonale de mon corps, oui.
C’est un problème de santé publique majeur d’ailleurs que le corps des femmes se retrouve souvent plus mal en point après contraception médicale qu’avant et c’est tout l’objet de mon livre à paraître ce 6 septembre (J’arrête la pilule). Notre système hormonal est “juste” le chef d’orchestre de l’ensemble des fonctions de notre corps, on en ignore encore beaucoup à ce sujet et pourtant on se permet de venir le bouleverser tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, générant des effets secondaires dont nous n’avons à l’heure actuelle pas encore pris totalement la mesure… Je pense que mon enquête t’intéresseras car tu risques de trouver de nombreuses pistes de réflexion concernant tous les problèmes que tu me décris. Ajoutons au passage qu’il est prouvé de manière fiable et scientifique depuis les années 1960/70 que de nombreux patients qui prennent des hormones synthétiques comme celles de la pilule déclenchent par la suite des allergies alimentaires.
Réponse de Lulu Cooper, envoyée par mail faute de filtre anti-spam un peu trop zélé :
Merci beaucoup pour ta réponse ! J’attends avec impatience la sortie de ton livre : j’ai hâââââte… (d’autant plus quand tu spoiles les thèmes que tu vas aborder héhéhé !) !
Mon corps se remet également petit à petit de cette foutue pilule, arrêtée en janvier 2016. Deux, trois ans, à l’échelle d’une vie ce n’est pas grand chose (même si la “souffrance” des symptômes est bien réelle) ! Mais on veut tellement que tout aille très vite, de l’instantané (merci la société actuelle), qu’on oublie que notre corps n’est PAS une machine, et qu’il ne suffit pas de vouloir et de changer un programme pour que ça “fonctionne”. Je suis tout à fait d’accord avec toi que c’est un système global, dont les hormones jouent un rôle décisif et inconnu (voire sous-estimé). Pas étonnant qu’on puisse détraquer pas mal de choses les manipulant.
Enfin, en tout cas, pour résumer, si on pouvait éviter de se rajouter en plus une pression sur notre alimentation (qui est déjà bien présente pour notre génération (25-40 ans)), ça serait chouette ! Car le repas est quand même un beau moment, de partage, de découverte et de plaisir (ce qui n’empêche aucunement de cumuler les trois avec une conscience des enjeux sociaux, économiques et environnementaux) !
Eh bien j’ai hâte que tu lises tout ça et me fasse ton retour !
Sujet très intéressant ! Je pense m’être rendue un peu plus malade il y a quelques années à écouter Les conseils “sains” de manger moins de protéines animales, mais qui vous dit d’aller vérifier avant que vous ne manquez pas entre autre de B12 (même si vous n’avez pas l’intention de devenir végéta*ien, j’étais très certainement déjà carencée mais ne l’ai appris que beaucoup plus tard) ? quand je me suis rendue compte qu’éviter certains aliments (“gluten”, produits laitiers) me résolvait des soucis de santé je suis sans doute passée par un peu d’orthorexie mais j’essaye de continuer à chercher à comprendre. Je suis persuadée que l’alimentation est importante, que la santé en dépends beaucoup mais que c’est beaucoup plus compliqué que juste éliminer tel ou tel truc. Aujourd’hui ma santé me semble meilleure sur un certain nombre de points, mais lorsque j’ai des symptômes négatifs je ne les prends pas pour de la détox même si je n’ai pas forcément d’explication immédiate à mon problème.
Il y a effectivement un sentiment de supériorité dans ce type de problème. Je crois que l’envie de croire que l’on peut “purifier” son corps, repartir à 0, séduit énormément, bizarrement les gens acceptent facilement que cela passe par de la “souffrance” (symptômes négatifs). Quand on fait partie de ces communautés j’ai l’impression qu’il faut soit avoir besoin d’être conforté dans ses choix par des personnes de “pouvoir”, ou être à la recherche de pouvoir justement… des restes de nos éducations ?…
Les dégâts d’une alimentation seront beaucoup plus visibles sur des bébés/enfants, que sur les adultes déjà formés. Comme vous le dites nous avons également tous des sensibilités particulières/réserves qui vont faire que nous n’aurons pas les mêmes soucis avec la même alimentation, il est bien compliqué de trouver lesquelles mais ce sont des recherches intéressantes.
Bonjour Sabrina,
Brillante analyse, j’allais dire une fois de plus…
Tu décortiques parfaitement les aspects psychologiques et sociaux du problème et tes connaissances en bien-être complètent parfaitement ton analyse globale qui devrait en aider plus d’un, je l’espère.
La détoxination “violente” est en effet réservée à des cas extrêmes mais ceci dit, elle est nécessaire et naturelle comme tu le précises très bien.
Or, si l’orthorexique en fait une obsession, force est de constater qu’une partie de la population ne connaît pas ce phénomène à la source de très nombreux maux.
La détoxination naturelle est très rapidement entravée par de mauvaises habitudes alimentaires, avec des conséquences fâcheuses.
Il n’y a donc pas lieu de devenir orthorexique ni d’abandonner tout plaisir, mais appliquer tes conseils judicieux et revoir ses rythmes alimentaires est néanmoins capital.
Merci Fabien, j’ai vraiment essayé d’en parler sans tabou pour que cela parle à ceux qui seraient concernés et c’est bien là la problématique de l’orthorexie : il faut vraiment mieux nous préocupper d enotre alimentation, cela passe parfois par des périodes ardues pour “intégrer” des connaissances et il ne faut pas pour autant en faire une fixette malsaine : équilibre parfois dur à trouver !
Merci pour ta bienveillance, hâte que tu lises le livre sur la pilule 🙂
Hâte aussi de lire et de contribuer à diffuser ton travail sur ce poison légal qu’il est encore plus difficile de dénoncer lorsqu’on est un homme.
Magnifique cet article… Tu as SU mettre les mots sur une petite dizaine d’années de ma vie… Je n’avais jamais réussi à comprendre vraiment pourquoi et comment j’en étais arrivée à cela, et eN plus A “recidiver”…
Je pense que j’ai pu m’en débarrasser il y A à peu près deux ans, en devenant végétarienne. Même si c’est parfois un peu compliqué, cela m’à reappris à manger équilibré, differemment, et c’est Enfin une alimentation qui me rend heureuse et me correspond.
Continue a témoigner, à passer ce message a toutes les oreilles, pour que jamais cela n’arrive aux autres. Merci <3
Ho merci Marie, j’y ai mis mes tripes et me suis entourée de précautions pour que l’on ne me tombe pas dessus à bras raccourcis. Je suis vraiment très heureuse si cela peut en aider d’autres, je crois que c’est vraiment un tabou stupide que de ne pas oser dire “oui, j’ai été trop loin à un moment et non, vouloir à tout prix manger sain n’emmène pas que des bonnes choses”. D’ailleurs, on sent encore mon émotion quand j’en parle alors que c’était il y a des années (ça m’a moi-même surprise).
J’ai aussi particulièrement apprécié également le tact de Marina qui a su me faire trouver les mots 🙂
Quel a été le déclic chez toi ? Que penses-tu de mon “analyse” des causes de l’orthorexie ? Ca te parle ? Tu as toi aussi observé ça ?
Oui, c’est COMPLÈTEMENT tabou, du moins chez moi. Je n’en parle que très très très rarement et aux personnes très proches. Les MÉDECINS ont A chaque fois parlé d’anorexie, mais je n’ai jamais voulu en entendre parler car je mangeais (en petites quantités certes mais je MANGEAIS).
Ton analyse est tout à fait juste, elle m’a permis de comprendre un peu mieux ce qui m’est arrivé. Je pense que c’était ma façon à moi de faire ma crise d’ado, tout en restant “parfaite”, et même “mieux que les autres” car capable de “bien manger”…
Bonne journée à toi
Finalement ça relève un peu des troubles type anorexie même si c’est encore diférent. Je pense justement que c’est une “crise” qui doit nous permettre de travailler sur nous et donc c’est très profond finalement et nous pouvons en tirer de très grands bienfaits si nous parvenons à dépasser la crise 🙂