Depuis l’affaire Weinstein, les interrogations du type “peut-on désirer sans dominer ?” fleurissent en unes des magazines. A contre-courant, ma première pensée fut plutôt : “Ah… Il y a donc des gens qui ne savent pas désirer sans dominer ? Ils ne savent pas ce qu’ils ratent !”
Ces interrogations, qui semblent si largement partagées, laissent à penser qu’une grande partie d’entre nous est effectivement incapable de désirer sans dominer. Ces articles semblent présenter une relation sexuelle sans domination presque comme une anomalie, une exception. La plupart de nos contemporains verraient encore aujourd’hui leur sexualité sur un mode binaire : la domination comme outil indispensable à la “virilité” et la soumission, caractéristique intrinsèque de la féminité alors plus objet du désir que participante “active”.
Je n’ai aucun jugement sur ces envies de dominations. En revanche, si nombre d’entre nous sont incapables d’envisager leur sexualité sans domination, je me demande si cela ne relève pas plutôt du carcan…
“Nous ne sommes pas maîtres de notre désir” affirment certains. Evidemment, nous sommes des être sociaux, marqués par nos traditions, plutôt patriarcales. Pourtant, de nombreux couples savent très bien sortir de cela et, à aucun moment, l’expression leur désir pour l’autre ne s’exprime sous forme de domination :
Un couple. Faisant l’amour. Sans que l’un ne cherche à dominer l’autre. Simplement l’assouvissement passionnel et pulsionnel de deux êtres qui s’aiment et parviennent, ensemble, à combler leurs envies. Sans gestes irrespectueux, sans volonté de dominer. Simplement dans le partage. Des échanges qui se répondent. Hors du temps et des codes.
Que tout cela semble “utopique” ou “lointain” pour beaucoup, interroge. M’interroge.
Nos interrogations en disent souvent plus long sur nous que ce que nous exprimons de manière consciente…
Je crois que nos interrogations en disent souvent plus long sur nous que ce que nous exprimons de manière consciente… Si nous en sommes encore à nous poser ce genre de question, je crains que nous ayons encore un long chemin à parcourir pour partager une sexualité délivrée de carcans stéréotypés ou violents.
Alors, peut-on désirer sans dominer ? Aussi incroyable que cela semble paraître aux yeux de beaucoup : oui, oui et mille fois oui ! Certains le pratiquent déjà à temps plein depuis longtemps et ils s’éclatent. Peut-être même plus que les autres, qui sait… 😉
Peut-on désirer sans dominer ? Aussi incroyable que cela puisse paraître aux yeux de beaucoup : oui, oui et mille fois oui ! Certains le pratiquent déjà à temps plein depuis longtemps et ils s’éclatent.
Pour aller plus loin… Du grain à moudre avec l’émission Grand bien vous fasse sur France Inter qui aborde le sujet en profondeur :
Alors, y’a-t-il des non-dominants pratiquants dans la salle ?
Ma sélection de livres pour ceux que le sujet intéresse :
Pour aller plus loin…
BEST OF DE TOUS MES ARTICLES FEMINISTES : No bra, maquillage, porno, cheveux blancs, épilation, contraception : tous mes articles féministes
Bonjour Maroussia et ne t’excuse pas d’avance, ici nous adorons les longs commentaires 🙂
Je n’ai pas particulièrement de lien à te donner sur le sujet mais je vais ller lire le tien de ce pas. J’aurais pour ma part tendance à penser, concernant les envies de domination, qu’il y a, pour commencer, certains degrés, mais que surtout la différence se fait entre la “domination jeu” (soft, plus supercicielle) et d’autres formes plus poussées et que beaucoup plus de gens pratiquent la version soft que hard, laissant imaginer qu’ils y voient là un amusement faisant naturellement partie du jeu sexuel au même titre que d’autres mais non une envie très poussée.
Je suis persuadée, qu’il y a bien sûr un lien entre le vécu personnel et les fantasmes et je crois que des études avaient montré une tendance plus prononcée chez les femmes victimes d’abus à s’adoner à ce type de pratiques de domination hard.
On sait aussi, par exemple, que le premier facteur de risque de subir un viol c’est d’en avoir déjà subi un (comme une empreinte qui se pose sur la victime et ne part jamais, que sente les agresseurs et qui fragilise certaines femmes qui n’ont ensuite plus de respect d’elles-mêmes et/ou se retrouvent plus facilement en mauvaise posture ou avec un partenaire irrespectueux). Or, comme parfois les partenaires masculins poussent leurs partenaires féminins à céder à leur désirs, on peut par exemple faire l’hypothèse que les femmes victimes d’abus soient plus facilement enclines à se retrouver incapables de refuser ce genre de pratiques… C’est vraiment une hypothèse hein.
Dans la même veine, on peut aussi, sachant cela et sachant que nous vivons dans une société encore très patriarcale (tout en sachant que la sexualité est parfois le lieu des interdits et transgressions), s’imaginer que la majorité des femmes aient, de manière générale, des difficultés à céder aux désirs de leurs partenaires.
Si l’on adopte maintenant un point de vue de la non contrainte (où ce sont des femmes totalement libres et conscientes qui demandent cela sans influence d’oppression patriarcale, de passé traumatique ou autre) alors là je crois simplement que cela peut être un simple plaisir au jeu, à tester ses limites et des considératiosn psychologiques plutôt classiques de délégation de la responsabilité mais aussi parfois de désir d’expression de sentiments “animaux”, “bestiaux”.
Qu’en penses-tu ?
Hello, désolée également pour la réponse très tardive mais je suis absolument d’accord avec toi. Et globalement, pas que dans la sexualité, le travail le plus ardu (et pourtant le plus nécessaire) estd e regarder profondément en soi, de comprendre pourquoi l’on ait telle ou telle chose.