Une des fautes de frappe les plus courantes que je fais avec mon clavier d’ordinateur c’est d’écrire “CACA 40” au lieu de “CAC 40”. Un lapsus informatique peut-être pas si inapproprié…
Trève de propos scabreux, rentrons dans le vif du sujet avec ce rapport majeur qui vient de sortir pour dresser le vrai bilan des entreprises françaises côtées en Bourse. Présentation par Bastamag :
« L’Observatoire des multinationales, édité par Bastamag, publie le premier « véritable bilan annuel » des multinationales françaises. A l’heure du secret des affaires et des politiques très favorables aux grandes entreprises, ce rapport très détaillé et inédit de 154 pages permet à chacun de s’informer réellement – au-delà de la com’, des belles publicités et du jargon financier – sur ce que font concrètement les grandes entreprises françaises dans bien des domaines : quelle répartition des richesses, quelles actions pour la protection du climat et de l’environnement, quel respect des droits des travailleurs, sur quoi porte leur lobbying, quelles conséquences de leurs activités sur la santé… […]
Les grandes entreprises françaises redistribuent les deux tiers de leurs bénéfices aux actionnaires, seulement 26 % de leurs employés sont en France et elles y ont diminué leurs effectifs de 20% depuis 2010 malgré un chiffre d’affaires en croissance.
Les lecteurs découvriront que les grandes entreprises françaises redistribuent les deux tiers de leurs bénéfices aux actionnaires, que seulement 26 % de leurs employés sont en France et qu’elles y ont diminué leurs effectifs de 20% depuis 2010 malgré un chiffre d’affaires en croissance. Ils apprendront qu’elles possèdent chacune des centaines de filiales partout dans le monde, dont 15% dans des paradis fiscaux, qu’elles dépensent des millions d’euros en lobbying à Paris, Bruxelles et Washington, et des milliards en publicité. Ils s’interrogeront sur le fait que le premier actionnaire du CAC40 n’est plus l’État français, mais la famille du milliardaire Bernard Arnault, PDG de LVMH et actionnaire de Carrefour, ainsi que sur la proportion des dirigeants issus de la haute fonction publique, à la tête de près de la moitié des sociétés cotées au CAC40.
Ce rapport très détaillé et inédit de 154 pages permet à chacun de s’informer réellement – au-delà de la com’, des belles publicités et du jargon financier – sur ce que font concrètement les grandes entreprises françaises
Ce « véritable bilan annuel » revient aussi sur le rôle des multinationales françaises dans l’actualité nationale et internationale, depuis l’élection de Donald Trump aux États-Unis jusqu’à la réforme du Code du travail en France. Il emmène également le lecteur près de chez lui, où se font sentir les conséquences des fermetures d’usines et l’héritage de la pollution, aussi bien qu’à l’autre bout du monde, dans l’Arctique russe où des groupes français extraient du gaz naturel, dans les forêts d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud qui souffrent de l’expansion des plantations de soja ou d’huile de palme, dans les banlieues des grandes villes asiatiques où triment les ouvriers et ouvrières de leurs fournisseurs, et jusque dans les océans envahis par le plastique.”
S’il est un fil conducteur à ce « véritable bilan annuel », c’est bien celui du grand écart entre la communication des grandes entreprises françaises et la réalité des faits et des pratiques. Les groupes du CAC40 rivalisent d’éloquence pour évoquer leurs engagements pour le climat,. Pourtant, seule une minorité d’entre eux (14) réduisent effectivement leurs émissions de gaz à effet de serre. […]
Le « véritable bilan annuel des grandes entreprises françaises » montre l’importance d’une information indépendante et d’un débat contradictoire et éclairé sur ces questions, pour notre démocratie et notre planète, mais aussi pour les entreprises elles-mêmes et leurs salariés.
Le « véritable bilan annuel des grandes entreprises françaises » montre l’importance d’une information indépendante et d’un débat contradictoire et éclairé sur ces questions, pour notre démocratie et notre planète, mais aussi pour les entreprises elles-mêmes et leurs salariés.
Malheureusement, avec la loi sur le secret des affaires, la concentration des médias entre les mains de quelques milliardaires, la multiplication des procédures bâillon contre les journalistes, les associations et les lanceurs d’alerte, ou encore la réduction des prérogatives des représentants des salariés, le droit à l’information et au débat sur les entreprises et leur stratégie semble plus menacé que jamais. »
L’Observatoire des multinationales se présente comme “un média d’information et d’investigation sur les activités des grandes multinationales françaises, et plus généralement sur les enjeux de responsabilité des entreprises et de démocratie économique.” C’est “un projet de l’association Alter-médias, qui publie également le site d’informations environnementales et sociales Basta ! www.bastamag.net”
Un bilan en 8 questions :
- LES GRANDES ENTREPRISES FRANÇAISES CRÉENT-ELLES DE LA RICHESSE POUR TOUTES ET POUR TOUS ?
- LES GRANDES ENTREPRISES FRANÇAISES CONTRIBUENT-ELLES À LA SAUVEGARDE DU CLIMAT ?
- COMMENT LES GRANDES ENTREPRISES FRANÇAISES TRAITENT-ELLES LEURS TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES ?
- QUELS SONT LES IMPACTS DES GRANDES ENTREPRISES FRANÇAISES SUR LA PLANÈTE ET SES HABITANTS ?
- LES GRANDES ENTREPRISES FRANÇAISES RENDENT-ELLES LE MONDE MEILLEUR ?
- LES GRANDES ENTREPRISES FRANÇAISES CONTRIBUENT-ELLES À UNE ÉCONOMIE SAINE ?
- LES GRANDES ENTREPRISES FRANÇAISES NUISENT-ELLES À LA SANTÉ ?
- LES GRANDES ENTREPRISES FRANÇAISES AMÉLIORENT-ELLES NOTRE DÉMOCRATIE ?
Des chiffres :
Extraits choisis :
« Globalement, la rémunération des patrons du CAC40 a représenté la somme colossale de 187 millions d’euros en 2017, contre 163,7 millions en 2016 [soit] une augmentation de 7,8 %. Pour comparaison, les dépenses moyennes par salarié des mêmes entreprises n’a augmenté que de 1,8 % entre 2016 et 2017 – plus de quatre fois moins. […] Le patron moyen d’un groupe du CAC40 a gagné 4,68 millions d’euros en 2017. C’est l’équivalent d’environ 263 SMIC. »
« Dans les années 2000, le taux moyen de redistribution des dividendes tournait autour de 30 % ; dans les années 1970, il était plus proche de 10 %. »
« Ce sont donc en réalité 61,8 % des profits de l’année qui ont été ainsi directement alloués aux actionnaires. »
« LES CHAMPIONS FRANÇAIS DES DIVIDENDES SUPPRIMENT DES EMPLOIS »
« PLANS SOCIAUX ET DÉLOCALISATIONS : L’AUTRE VISAGE DE LA COURSE AUX GAINS FINANCIERS »
« PAS DE « RUISSELLEMENT » POUR LES SALARIÉS DES GÉANTS DU LUXE »
« Entre 2010 et 2017, les dividendes et rachats d’actions ont augmenté de 44% (pour les entreprises figurant dans le CAC sur toute la période). Leur montant global flirte à nouveau avec les records atteints en 2007-2008, juste avant la crise financière. »
Dans les années 2000, le taux moyen de redistribution des dividendes tournait autour de 30 % ; dans les années 1970, il était plus proche de 10 %.
SALAIRES : « Les salaires moyens des groupes concernés ont augmenté de 22% entre 2009 et 2016, trois fois moins que les dividendes et deux fois moins que les rémunérations patronales sur la même période. »
ALIMENTATION : « [La grande distribution] se ménage des marges confortables, de 20 % à plus de 40 % selon les produits. […] Les agriculteurs, eux, ne perçoivent que 6 % de la valeur totale de l’alimentation, une fois déduits leurs coûts de production. Pour le lait par exemple, la marge des distributeurs a augmenté de 100 % depuis 2001, de 50 % pour les industriels et de … 0 % pour les agriculteurs ! »
BIO : « les marges extravagantes réalisées par la grande distribution sur les produits bios. [Tous] les produits bios sont beaucoup plus chers – 98 % en moyenne ! – que les productions conventionnelles. Cette énorme différence ne s’explique pas tant par le différentiel des coûts que par les marges brutes réalisées par les groupes de distribution. Ces marges brutes sont particulièrement élevées sur la tomate et la pomme, respectivement +145 % et +163 % ».
« SANTÉ ET ENVIRONNEMENT : CE QUE FONT LES GRANDES ENTREPRISES À NOTRE « CADRE DE VIE » De l’automobile au BTP en passant par la chimie, les activités économiques ont souvent un impact lourd sur l’environnement et sur la santé des travailleurs, des riverains et des consommateurs. Impacts qui restent minimisés, voire déniés, au nom du développement industriel et de l’emploi. »
MEDICAMENTS : « les liens financiers directs (rémunérations) ou indirects (repas, voyages, conférences, etc.) entre professionnels de la santé et industrie. 691 millions d’euros au total selon les calculs du quotidien Le Monde. » « Ces liens financiers ne sont toutefois qu’une des facettes du travail d’influence des laboratoires pharmaceutiques auprès des professionnels de santé, qui commence dès l’université ou auprès des internes dans les hôpitaux, avec petits-déjeuners de présentation ou intervention de visiteurs médicaux. »
CONFLITS D’INTÉRÊTS : « En France, les relations étroites et les allers-retours entre grandes entreprises, haute fonction publique et sphère politique sont une tradition bien établie. Malgré les scandales à répétition qui décrédibilisent notre démocratie, les garde-fous déontologiques restent presque inexistants. »
De l’automobile au BTP en passant par la chimie, les activités économiques ont souvent un impact lourd sur l’environnement et sur la santé des travailleurs, des riverains et des consommateurs. Impacts qui restent minimisés, voire déniés, au nom du développement industriel et de l’emploi.