« N’importe quoi vaut mieux que rien en contraception », le recul de la consommation de pilule est une « mode ». Voici les propos tenus par le gynécologue Jacques Horovitz dans un reportage récent diffusé par France 3 Aquitaine[1].
Nous tenons à répondre à ces paroles que nous jugeons paternalistes et emblématiques d’un corps médical totalement à côté de la plaque en ce qui concerne les attentes contraceptives des jeunes générations.
Nous en avons marre d’entendre des hommes — qui n’ont jamais eu à assumer la contraception ou à prendre des hormones de synthèse — nous dire que nous devrions être heureuses d’avoir la contraception « plutôt que rien ». Nous en avons marre d’entendre, depuis soixante ans, ce corps médical qui minimise les effets secondaires des contraceptions et sous-entend que nous devrions accepter tout cela en souriant. Nous en avons marre d’entendre de grands professeurs pérorer du haut de leur tour d’ivoire médicale sur ce que devraient ou non accepter les femmes. Nous n’en pouvons plus.
« N’importe quoi vaut mieux que rien en contraception », dites-vous. Mais ce n’est pas « rien « que nous voulons. Bien au contraire. Nous voulons que les femmes n’aient plus sur leur seul dos la charge contraceptive. Nous voulons que plus aucune femme ne meure, ne souffre ou ne diminue son bien-être ou sa santé à cause d’une contraception. Nous n’acceptons pas qu’en soixante années de contraception médicale, rien n’ait été fait pour éviter que chaque année des femmes souffrent ou meurent des effets secondaires de ces médicaments qu’elles prennent alors qu’elles sont en parfaite santé.
Nous en avons marre d’entendre, depuis soixante ans, ce corps médical qui minimise les effets secondaires des contraceptions et sous-entend que nous devrions accepter tout cela en souriant.
Nous sommes plus que lasses d’entendre de grands professeurs et autres « leaders d’opinion » poser le débat en des termes aussi manichéens que les vôtres. Nous sommes plus que lasses de ce tabou sociétal qui sous-entend : « La pilule a été une bonne chose dans la vie des femmes alors interdit de dire quoi que ce soit de négatif à son propos ». Nous sommes plus que lasses de cette idéologie qui sous-entend : « C’est la pilule ou rien ».
Si la pilule a été un formidable outil permettant aux femmes de n’avoir que les enfants qu’elles veulent quand elles le veulent et de s’insérer dans la vie professionnelle, il ne faut pas croire pour autant que c’est la seule voie, la seule possibilité. La contraception ne se résume pas à la pilule, ni aux hormones.
Les femmes arrêtent de plus en plus la pilule. En France, la consommation de pilule a diminué de près de 20 % depuis l’an 2000[2]. Qui êtes-vous pour juger ce mouvement comme une vulgaire « mode » ? Avez-vous déjà subi les effets secondaires d’une contraception dans votre chair ? Pensez-vous que chercher à se diriger vers des contraceptifs sans effets secondaires soit une vulgaire « mode » indigne d’intérêt ? Que penseriez-vous si c’était votre fille, votre femme, qui faisait partie de celles qui meurent chaque année d’une embolie ou d’un AVC sous pilule ? Penseriez-vous toujours alors que leur accident est « moins grave que de vivre une IVG » ?
Avez-vous déjà subi les effets secondaires d’une contraception dans votre chair ? Pensez-vous que chercher à se diriger vers des contraceptifs sans effets secondaires soit une vulgaire « mode » indigne d’intérêt ? Que penseriez-vous si c’était votre fille, votre femme, qui faisait partie de celles qui meurent chaque année d’une embolie ou d’un AVC sous pilule ?
Nous pensons au contraire que ce n’est certainement pas en faisant l’autruche et en cachant la poussière sous le tapis que nous allons avancer afin que les femmes obtiennent des contraceptions à la fois efficaces et sans effets secondaires. Nous pensons qu’il y a d’autres voies à explorer pour ne pas laisser chaque année des femmes sur le carreau.
Oui, monsieur Horovitz, comme vous le dites, « Tout change en ce moment » ! Rendez-vous compte, bientôt les femmes voudront même une contraception sans effets secondaires ! (elles sont gonflées quand même). Vous dites « N’importe quoi vaut mieux que rien en contraception. Je trouve que c’est très très bien ». Eh bien nous sommes heureuses de vous dire que vous allez bientôt pouvoir avoir la joie de tester vous-même ce « n’importe quoi » en prenant la pilule pour hommes ! Nous serions alors très heureuses de recueillir vos impressions et d’observer comment agirait notre société si chaque année des hommes en parfaite santé décédaient, finissaient handicapés ou perdaient leur libido à cause de leur pilule. Notre petit doigt nous dit que le problème serait vite réglé.
Pendant que vous et vos confrères continuez à pérorer, les femmes continuent à payer le prix de la contraception médicalisée via les effets secondaires ou croient que ce sont leurs corps qui sont « mal fichus » parce qu’ils ne « s’adaptent » pas à la contraception. Mais n’est-il pas enfin temps que ce soit la contraception qui s’adapte au corps des femmes et non l’inverse ?
En attendant, pendant que vous et vos confrères continuez à pérorer, les femmes continuent à payer le prix de la contraception médicalisée via les effets secondaires ou, comme l’explique la jeune femme du reportage, en croyant que ce sont elles le « problème », que ce sont leurs corps qui sont « trop faibles » ou « mal fichus » parce qu’ils ne « s’adaptent » pas à la contraception. Mais n’est-il pas enfin temps que ce soit la contraception qui s’adapte au corps des femmes et non l’inverse ?
Comme le dit si bien l’adage : « Ceux qui pensent que c’est impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui essaient » …
D’ailleurs, vous qui nous lisez, si vous faites partie de ceux qui veulent essayer, rejoignez les 24 344 signataires de la pétition « Marre de souffrir pour notre contraception ! » qui demande au gouvernement français de lancer une concertation nationale pour développer et promouvoir des contraceptions sans effets secondaires mais aussi masculines.
Marion Larat, handicapée à 80 % suite à un AVC sous pilule, lanceuse d’alerte autour des effets indésirables graves de la pilule à l’origine du scandale des pilules de 3ème et 4ème génération en 2013, autrice de « La pilule est amère » (Stock, 2013).
Bérengère Arnal, gynécologue à Bordeaux militant pour une gynécologie intégrative et préventive, présidente d’Au sein des femmes.
Sabrina Debusquat, journaliste indépendante spécialiste de la santé des femmes, autrice de « J’arrête la pilule » (Les Liens qui Libèrent, 2017) et « Marre de souffrir pour ma contraception. Manifeste féministe pour une contraception pleinement épanouissante » (Les Liens qui Libèrent, 2019).»
[1] « Contraception, la pilule dure à avaler » par Charlotte Boniteau pour France 3 Aquitaine, 16 juillet 2019.
[2] Aujourd’hui, 36,5 % des Françaises âgées de 15 à 49 ans prennent la pilule (un taux qui n’a jamais été aussi bas depuis 1978). Entre 2000 et 2016, le recours à la pilule a diminué de 20 % en France (56,9 % des Françaises en 2000, 36,5 % en 2016). Sources : Rahib D, Le Guen M, Lydié N., Baromètre santé 2016, « Contraception. Quatre ans après la crise de la pilule, les évolutions se poursuivent », Santé publique France, 2017. 8 p. et données INED <https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/avortements-contraception/principale-methode-contraceptive/>.
Mesdames,…. les hommes ne sont pas tous comme ça ! Vous connaissez certainement des femmes gynécos qui ont le même discours. Les femmes ont pu se libérer de certaines contraintes grâce à la contraception mais il est vrai que les temps changent et tant mieux 🙂
La femme de l’adolescence à la ménopause est brutalisée par le corps médical (composé d’hommes et…. de femmes)
N’oubliez pas que l’on vous impose des choses (frottis, mammo etc ) que l’on tente de transposer aux hommes (mais laissez notre prostate tranquille !!)
Je vous assure qu’aujourd’hui le business médical n’a pas de sexe non plus. Souvenez vous que certains médecins ont tenté aussi de libérer la femme …. je pense au Dr Ogino (si si c’était un homme)
Le problème n’est pas masculin ou féminin 😉
Il est bien plus vaste que ce soit dans le domaine médical qu’au niveau sociétal, ne vous trompez pas de combat au risque de laisser nos “biens pensants” diviser pour mieux régner
Bonne continuation
Olivier
Bonjour !
Je suis étudiante sage-femme à l’école de Bourg-En-Bresse. Dans le cadre de mon mémoire de fin d’études et en vue de l’obtention de mon Diplôme d’Etat de Sage-femme, je réalise une étude concernant l’impact d’Internet sur le choix contraceptif d’une femme.
Pour mener à bien cette étude, j’ai réalisé un questionnaire en ligne. Ce questionnaire est anonyme et concerne toutes les femmes âgée de 18 à 50 ans.
Si vous êtes concernée et que vous êtes d’accord pour y répondre, je vous mets à disposition le lien de celui-ci. Il ne vous prendra que très peu de temps : https://form.dragnsurvey.com/survey/r/4c5b4b7d…
N’hésitez pas à le partager sur vos réseaux et autour de vous cela m’aiderait beaucoup !
Merci d’avance
Belle journée à tous
Ma fille a arrêté toute contraception aussi elle n’en pouvait plus
Oui, malheureusement nous sommes (très) nombreuses en ce cas… D’où l’importance de se battre pour que les suivantes aient à disposition des contraceptions efficaces et sans effets secondaires. Il en existe déjà mais il faut les développer, les promouvoir et en inventer de nouvelles. Des jeunes femmes en parfaite santé ne devraient pas à affronter des risques pour leur vie ou à rogner sur leur bien-être pour avoir une vie sexuelle sereine…