Tourner la tête pour ne pas voir, “faire les durs”. Nous nions très souvent au quotidien cette faculté qui nous a été donnée de se mettre à la place de l’autre.
Pourquoi refusons-nous d’être empathiques comme nous respirons ?
Quand vous diminuez votre consommation de viande parce que vous réalisez que votre steak était auparavant un animal sympathique et doué de sentiments.
Quand vous mettez au monde vos enfants et que vous sacrifiez pour eux votre temps, votre énergie.
Quand vous aidez une personne âgée, malade, handicapée alors que cela vous prend du temps, de l’énergie.
Quand vous vous interposez dans la rue pour faire cesser une agression alors que vous vous mettez à votre tour en danger.
Quand vous seriez prêt à mourir pour l’être aimé.
Quand au quotidien vous aidez, écoutez et êtes gentils avec ceux qui vous entourent …
Quand vous faites tout cela, vous êtes empathique.
Vous passez au-dessus de votre bien-être, de vos préoccupations, de votre confort, de votre sécurité pour rendre la vie plus agréable à l’autre. Le tout sous l’impulsion de l’empathie : cette extraordinaire et pourtant si ordinaire faculté de ressentir l’autre en face.
“Quand un conjoint tomberait malade l’autre le quitterait immédiatement, sans chercher à s’excuser. Parce qu’un compagnon qui crache, qui tousse, qui a maigri je suis désolé mais ça ne fait pas envie, ça mine le moral, il faut s’en occuper, on ne peut plus faire ce que l’on veut, non vraiment quel intérêt ?”
Imaginez notre société sans cette empathie.
Il n’y aurait plus d’enfant, de personnes âgées dépendantes ou d’handicapés car personne ne s’en occuperait, n’en aurait le temps ou l’envie. Et pas de structures d’accueil spécialisées puisque tout le monde s’en fiche : pourquoi chercher à aider ces inadaptés qui ne nous apportent rien, qui ne travaillent pas et vivent à nos crochets ?
Quand vous tomberiez dans la rue où vous feriez percuter par une voiture, personne ne se précipiterait à votre secours. Chacun pour soi. Si vous êtes assez fort pour vous relever tant mieux pour vous sinon de toute façon vous rejoignez le club des inutiles et je vous rappelle que nous ne voulons pas de vous.
Quand un conjoint tomberait malade l’autre le quitterait immédiatement, sans chercher à s’excuser. Parce qu’un compagnon qui crache, qui tousse, qui a maigri je suis désolé mais ça ne fait pas envie, ça mine le moral, il faut s’en occuper, on ne peut plus faire ce que l’on veut, non vraiment quel intérêt ?
Les animaux et la nature seraient nos esclaves, aucun besoin de se préoccuper de leurs besoins, de toute façon, je suis sûre qu’ils ne ressentent rien, c’est évident.
“Au moindre accident de la vie nous le redevenons, quand nous vieillissons aussi souvent et heureusement alors que ceux qui nous entourent font marcher leur empathie pour s’occuper de nous.”
Sur certains points nous n’en sommes pas loin. Si vous êtes attentifs vous remarquerez que chacun d’entre nous a plusieurs moments de sa vie où il se retrouve dans la catégorie des “faibles”, des “dépendants”, des “inutiles”. Tout d’abord quand nous naissons nous sommes tous “inutiles”, très faibles et à 100 % dépendants. Au moindre accident de la vie nous le redevenons ou quand nous vieillissons et heureusement alors que ceux qui nous entourent savent être empathiques et s’occupent de nous.
Ces empathique ne le sont pas forcément de manière intéressée, en attendant un héritage ou autre. Ils le font parce que c’est naturel. Parce que l’empathie est reliée à l’amour, à l’amitié, au sentiment de communauté.
Nous l’exerçons avec ceux qui nous apportent des choses et qui, malgré leur “inutilité physique”, sont en fait très “utiles” : ils nous parlent, nous font réfléchir, nous aiment, nous conseillent et même lorsqu’ils ne sont plus capables de tout ça c’est préserver notre humanité que de ne pas les laisser mourir seuls dans leur coin. Non pas pour se dire que nous sommes de bonnes personnes mais parce qu’inévitablement sinon nous nous sentons mal.
L’empathie dont nous sommes tous doté naturellement et que nous tentons pourtant d’étouffer ne serait-elle pas là tout simplement parce qu’elle est vitale ? Parce que sans elle aucun de nous ne serait arrivé à l’âge adulte ?
Il serait bon parfois, avant de repousser cette empathie, que nous comprenions en quoi elle est essentielle. C’est un peu “tarte à la crème” mais la nature fait rarement mal les choses et si nous sommes dotés de cette faculté de se mettre à la place de l’autre ce n’est pas pour la laisser croupir dans un coin de notre tête.
Pensez que si vous contribuez à une société qui rejette toujours plus l’empathie vous en serez forcément un jour ou l’autre victime. Alors ayez au moins un peu d’empathie pour le futur vous-même 🙂
Plusieurs semaines après la publication de cet article a été diffusé un documentaire très intéressant Entre toi et moi : l’empathie.
Vous y apprendrez entre autres que tous les mammifères dont doués d’empathie car nous sommes très faibles à la naissance, que cette empathie ne fonctionne à son maximum uniquement quand les besoins primaires sont assurés (nourriture, sécurité) et que c’est cette capacité d’empathie qui est à l’origine de l’extraordinaire capacité de l’homme a fournir un travail collectif et à produire de grandes civilisations, bref à mettre en commun notre intelligence et à échanger car nous aimons cela.
https://www.youtube.com/watch?v=ueoh5_pAEeM
Une autre vidéo vient de paraître montrant à quoi ressemblerait notre monde si l’on faisait de l’empathie un défaut plus qu’une qualité. C’est édifiant et tordant !
Salut Sabrina,
Je me sens obligée de réagir à cet article. Je n’avais pas encore eu le temps de le lire.
J’ai toujours été très empathique, trop diront certains. N’empêche que quand je vois une personne pleurer dans les transports je lui tends un mouchoir et lui fais un sourire. Mais j’y ai vécu des vrais moments de solitude et de grosse colère aussi.
Je me revois dans un bus blindé à bloc, une jeune fille pâle. Je me lève pour lui demander si ça va et elle me tombe dessus. Entre les sacs et les parapluies, je ne m’en sortais pas. J’ai hurlé à l’aide “quelqu’un peut m’aider?”. C’était le terminus et bien ils sont tous descendus. Seul un jeune homme de 12 ans est venu m’aider. Nous avons attendu les pompiers avec le chauffeur. En sortant de ce bus je pleurai de rage. Pourquoi si peu d’humanité?
L’autre fois ça a été pire. Ma gare RER le matin en pleine heure de pointe. Il n’y a qu’un escalier en colimaçon pour aller sur le quai direction Paris. Quand j’arrive je vois une femme toute rouge allongée en plein milieu de l’escalier. C’est l’heure du train et tout le monde lui saute par dessus. Je me suis arrêtée, j’ai pris le temps. Elle suffoquait à cause d’une grippe non soignée. Je suis restée avec elle pour attendre les secours.
C’était le jour de ma rentrée scolaire, je suis arrivée avec 2h de retard. Quand j’en ai parlé avec mes futurs collègues de formation, la moitié disaient qu’elles ne se seraient pas arrêtées. Je précise que c’est une formation de travailleur social hein ça craint!
J’ai encore plein d’anecdotes de ce genre qui me fendent le cœur. Nous nous sommes fait insulter parce que mon père s’est arrêté sur la route alors que nous avons vu un homme tomber et saigner de la tête. Les gens klaxonnaient en nous disant que c’était un alcoolo du coin et qu’il ne valait pas la peine de s’arrêter.
Bref, quoiqu’il arrive je conserverai toujours mon empathie quoiqu’en pensent les autres. Et rassurons nous la majorité des personnes ont encore du Cœur. Malheureusement la méfiance et la peur de l’autre les envahissent et ça ne va pas aller en s’arrangeant.
Le coup des travailleuses sociales qui n’aident pas est pas mal mais nullement étonnant malheureusement. Je crois que tous les empathiques de France font le même malheureux constat : l’égoïsme se répand et s’aggrave parallèlement à la lâcheté.
Je n’ai aucun doute sur ce que tu me raconte même si cela paraît toujours quand on le pose sur la table “extraordinaire” (” – Non c’est pas possible, moi j’aurais pas fait ça” et les trois quart de ces même “moi” qui le feront). Bref.
J’ai également été témoin en tant que victime et en tant que simple témoin plusieurs fois du fait que les gens ne bougent pas même quand tu es en situation de grand danger. Ils ‘écartent, s’en vont, détournent le regard.
A ce propos il y a un documentaire poignant qui a été diffusé récemment sur France 5 “Non assistance à personne en danger. La journaliste qui le réalise part d’une histoire qu’elle a vécu, elle a assisté pendant 1/2 heure au viol d’une femme dans le métro et n’a pas bougé comme l’ensemble de la rame. Sa conscience la travaillant depuis elle a décidé de comprendre sociologiquement pourquoi les gens ne bougent pas dans ce genre de cas gravissimes et c’est très intéressant ! Ils décortiquent des mécanismes cérébraux etc. vraiment à voir même si je trouve toujours horrible de ne pas agir.
Une fille qui subit une agression sexuelle dans le métro à Lille sans que personne ne bouge a un malheureux témoignage : elle dit qu’à son tour comme personne ne l’a aidé elle n’aidera plus jamais personne, quelle tristesse et quel cercle vicieux !
Je comprends que les gens aient peur (surtout les femmes) de se mettre en danger en intervenant mais personnellement a contrario de cette jeune femme j’ai décidé de renforcer mon humanité plutôt que de la cacher, quitte à me mettre en danger, car c’est comme ça que je suis et je ne veux plus vivre dans la peur à cause de c*****. Qu’on me frappe, j’en ai vu d’autres. Les discours et tentatives d’intimidation de ces agresseurs qui se dégonflent les trois quart du temps quand on leur en impose en face ne m’impressionnent pas. Malheureusement comme le conclut le reportage seules des personnes comme moi ou des professionnels de secours ont cette réflexion et n’ont pas peur, c’est à dire peu.
Regarde-le et dis moi ce que tu en penses, ça m’intéresse et j’ai personnellement trouvé l’aveu de la journaliste très touchant. Elle se dit, bon visiblement on a un problème, comment concrètement pourrait-o le régler ensemble ?
“la nature fait rarement mal les choses”. Complètement d’accord. J’ai retenu de mes lectures que la capacité à l’empathie (neurones miroirs notamment) serait issue de l’évolution, comme un avantage issu de la sélection naturelle (une vie en groupe, où chacun peut se mettre à la place de l’autre, est plus efficace qu’une vie solitaire et trop égo-centrée) et dont l’origine serait le lien “mère-enfant”. Le développement de ce lien aurait également permis ces premières années protégées pour les enfants, qui ont pu ainsi (augmenter leurs chances de survie et) développer leurs capacités mentales par de plus nombreuses expériences du monde
Sur ce thème de l’empathie, je trouve la série d’émissions “Sur les épaules de Darwin” intitulée “Le lien qui nous rattache aux autres” absolument fascinante…
Salut Guillaume oui Amneinsen et son émissions sont très bien, en revanche je ne suis pas forcément convaincue par la théorie de l’évolution, même avec ses mises à jour pour m’être bien informée dessus.
Mais ce n’est pas grave ça ne change en rien que cette empathie est là, qu’à mon avis elle y a toujours été et qu’elle a son utilité, certainement même moins terre-à-terre que ce que l’on imagine aujourd’hui.
Il y a 2 semaines, en sortant de mon travail dans une école élèmentaire, j’ai eu toutes les peines du monde à quitter ma place de parking car 2 conducteurs ont eu l’extême intelligence de prendre ma voiture en sandwich en se garant (heureusement que j’ai une citadine et pas une berline hein). L’énervement m’a mise au bord des larmes et malgré cela j’ai pu voir 3 mamans qui se moquaient ouvertement de ma situation en riant à gorges déployées, me montrant du doigt. Bref, je quitte (ENFIN!) cette fichue place, je ravale ma fierté et je roule. Hier, alors que j’ai pris soin de me garer loin, loin, loin, je recroise ces 3 bonnes femmes qui me reconnaissent et recommence leur moqueries pitoyables. Bien sûr cela n’est qu’un petit exemple parmis tant d’autres plus importants mais il illustre bien notre monde individualiste, compétitifs et moqueur.
Les événements de ces dernières semaines n’ont malheureusement pas remis en place les idées de certain(e)s et je plains vraiment ceux qui tiennent de tels comportements, qui n’ont rien, mais absolument rien compris à l’empathie, à la vie tout court. Si un jour je vois l’une de ces femmes en difficulté, il n’est pas certain que je lui porte attention – alors que je l’aurai fait de bon coeur en tant normal. Je crois que l’agressivité gratuite dont nous pouvons être victime nous rend malheureusement triste au point de nous renfermer sur nous-même. Cependant je garde ma petite flamme d’empathie pour toutes celles et ceux qui sont prêts à l’accueillir.
Sabrina je te remercie pour la diversité de tes articles et leurs contenus qui porte souvent à réflexion.
Salut Marine et merci pour ce mot touchant, on ressent bien que tu es une hypersensible certainement très empathique et qui a donc du mal à évoluer dans ce monde où beaucoup se “carapaçent” et vivent “comme si de rien n’était”. Parfois la vie les rappellera à l’ordre sur ce sujet, parfois pas. Je ne sais pas s’il y une justice ou si “la roue tourne”. Quoi qu’il en soit, comme on en parlait dans “Toutes les réponses sont en vous, chacun sait ce qui est bon ou mauvais et c’est le propre du libre arbitre que de choisir ensuite parmi les solutions qui s’offrent à nous. Ensuite, chacun selon sa spiritualité et ses expériences viendra décider s’il pense qu’il vaut mieux être vertueux ou si ça n’a finalement aucune importance et que tout ça n’a pas de sens.
Quoi qu’il en soit nous sommes obligés de vivre aux côtés de gens qui nous insupportent alors autant apprendre à se détacher du regard de l’autre en se disant que chacun fait ses choix et que nous ne pouvons pas influer sur tout le monde. Ne pas chercher à convaincre les autres que la voie qu’ils empruntent est mauvaise (je pense qu’ils le savent, personnellement). En tant qu’hypersensible tu sera toujours un minimum titillée par des comportements comme celui de ces femmes, j’ai personnellement pris le parti d’avoir pitié. Ces gens-là me font pitié. Point. Je ne leur accorde pas plus d’importance et ma réaction va justement les faire se sentir eux-même cons.
Quand ceux qui se prennent pour des dominants, des malins ou des prédateurs voient qu’ils n’ont aucune prise sur la personne en face ils continuent un moment, de plus en plus fort, puis finalement cessent toute tentative : voilà ma solution.
Mais pour arriver à ce résultat il faut travailler sur soi chaque jour. Car le but n’est pas d’étouffer à notre tour nos ressentis en se blindant comme eux jusqu’à n’être plus que haine, peur et jalousie mais d’apprendre à lâcher sur son ego. J’y travaille depuis de très nombreuses années et si maintenant j’arrive en apparence à ne rien montrer cela me titille encore souvent même si c’est bien plus atténué qu’avant.
Ça t’aide un peu comme réponse ?
Bisous d’hypersensible ^^
Sabrina, je viens de lire ta réponse et je ne sais pas quoi te dire à part MERCI, tout simplement. Et je m’arrête là car je commence à sentir de petites larmes venir donc je vais aller chercher un mouchoir 😉
Avec plaisir Marine et on ne se refera pas ^^
Je ne pensais pas que ma réponse aurait un tel retentissement mais tant mieux ! Maintenant entre la théorie et la pratique comme je le disais, il y a un grand pas que nous ne serons pas sûrs d’avoir totalement franchi même à la fin de notre vie mais disons que l’essentiel est de trouver une solution là maintenant et que tout cela ait du sens pour nous 🙂
Tiens, mouchoir virtuel –> ▒
Je pense comme toi que l’empathie est naturelle et vitale, reliée à l’amour, même quand l’individualisme ou la mauvaise foi tentent de la mettre en sourdine.
La nature fait en effet rarement mal les choses, bien que perso j’enlèverais le « rarement ».
Si un penchant aussi naturel (et loin d’être évident) unit tous les êtres, n’est-ce pas la reconnaissance d’un lien intime, d’une fraternité originelle ?
Ca élimine l’hypothèse du hasard, non ?
A moins que ce ne soit pur calcul ? Mais ça, je n’arrive pas à y croire, parce que quand même, on ressent bien un « truc » à l’intérieur…
Certains te diront justement que, de même que nous partageons des qualités physiques, nous partageons des qualités mentales. J’ai bien dit “certains”, pas besoin de chercher à ce que les autres approuvent ce que nous pensions 🙂
Ce qui ne ferait qu’enfoncer le clou de l’origine commune, et donc de l’absence de hasard.
Je ne crois pas non plus à l’absence de hasard Fabien mais cette absence-là visiblement ne se prouve pas, chose que les scientifiques (enfin certains n’acceptent pas) donc encore une fois, pourquoi chercher absolument à ce que les autres se rangent à notre avis ? Qu’ils pensent bien ce qu’ils veulent.