S’il est normal d’exiger être totalement libre, d’exiger pouvoir s’alcooliser seule, en minijupe en compagnie d’inconnus sans prendre le risque de se faire agresser, la société n’évolue pas en même temps que nos désirs féministes….
Entre féminisme et réalisme, quels “risques” sont prêtes à prendre les femmes modernes dans leur combat ? Certains risques en valent-ils la peine ?
NB : cet article est le reflet d’une pensée que j’exprimais en 2016, aujourd’hui j’y ajoute quelques nuances (cf. notes en fin d’article) mais laisse toutefois cet article en ligne car il pose des questions que j’estime intéressantes. Evidemment, il n’est pas question ici de faire peser quoi que ce soit sur les femmes. Les femmes ne sont JAMAIS responsables de leur viol, qu’elles aient été alcoolisées, en mini-jupe ou seules. Cet article expose simplement sans tabou des questions que beaucoup de femmes se posent et qui leur pose parfois des cas de conscience féministes.
Je suis résolument féministe, je lutte au quotidien contre les stéréotypes et le sexisme. Pour moi et pour toutes les femmes. Pour autant, je me heurte parfois à des “cas de conscience féministes” et me questionnent : Faut-il se comporter en 2016 comme si le féminisme était un acquis généralisé ou au contraire accepter que, pour l’instant, de nombreux hommes considèrent encore les femmes comme des objets et agir en conséquence ?
Est-ce que se dire “bon, je vais attendre de connaître un peu mieux ce mec avant de coucher avec lui” c’est antiféministe ou c’est réaliste ?
“Agir en conséquence” c’est à dire [presque] tout se permettre, jusque à la limite où l’on se met trop en danger et risquons des violences. Est-ce que se dire “bon, je vais attendre de connaître un peu mieux ce mec avant de coucher avec lui” c’est antiféministe ou c’est réaliste ? Est-ce que c’est antiféministe, ou réaliste, que d’accepter d’être raccompagnée jusque à chez soi le soir par un ami parce que l’on en veut pas prendre le risque, même minime, de se retrouver en situation désagréable ? (même si une minorité des viols ne sont pas commis dans ce contexte mais dans un cadre privé et avec un agresseur proche de la victime)
Est-ce que je me dois de prendre ces risques-là pour “faire avancer la cause” ?
Certes, les hommes doivent voir les femmes prendre possession de la rue, des espaces publics, y compris le soir, certes ils doivent avoir l’habitude de voir des femmes se promener seules, libres et dans la tenue qu’elles veulent pour intégrer que le monde a changé. Mais pousser le curseur encore plus loin et tout le temps est-il utile ?
Vouloir changer le monde et voir les choses telles qu’elles sont n’est pas incompatible. Parce que nous aimerions que les choses soient différentes, devons-nous déjà agir comme si elles l’étaient ? Etre féministe n’est pas contradictoire avec le fait de se protéger de ceux qui considèrent encore les femmes comme des objets.
Augmenter les risques de me faire violer ou violenter ne ferait pas de moi une avant-gardiste ou une rebelle.
Parce que nous aimerions que les choses soient différentes, devons-nous déjà agir comme si elles l’étaient ? Etre féministe n’est pas contradictoire avec le fait de se protéger de ceux qui considèrent encore les femmes comme des objets.
Augmenter les risques de me faire violer ou violenter ne ferait pas de moi une avant-gardiste
Le féminisme et le respect de la femme s’inculquent dès le plus jeune âge. Or, encore aujourd’hui, de nombreux hommes n’en ont pas bénéficié. Pour beaucoup d’hommes déjà adultes, la marge de progrès est grande pour tendre vers l’égalité. Pour certains c’est presque peine perdue tant leur position dominante est confortable et leurs stéréotypes ancrés. Alors, en attendant que toutes les familles aient éduqué leurs garçons au respect total de la femme,oui, il y aura encore des violeurs, des conjoints violents et des harceleurs. Se prémunir d’eux aujourd’hui en restreignant à certains moments des libertés minimes que je pourrais prendre fait-il de moi une femme soumise ou réaliste ?
Cela me pose-t-il un problème de conscience de raisonner ainsi ? Aucun.
S’il me tient à cœur de faire avancer le féminisme, je n’en reste pas moins un sujet sensible qui observe trop ses contemporains pour croire naïvement qu’elle peut agir de manière totalement libre sans parfois le payer chèrement.
Ma vie est imbriquée dans celle d’une société et, s’il me tient à cœur de faire avancer le féminisme, je n’en reste pas moins un sujet sensible qui observe trop ses contemporains pour croire naïvement qu’elle peut agir de manière totalement libre sans parfois le payer chèrement. De même que je ne vais pas parler avec trop de familiarité avec mon patron parce que je sais que ça n’est pas dans les mœurs, je vais éviter de me mettre dans une position qui me rendrait totalement vulnérable face à un homme.
Pour éclater les stéréotypes il faut pratiquer la liberté d’être. Mais d’un autre côté, la liberté d’être, que ce soit pour le féminisme ou n’importe quel autre domaine, se paie. Et je n’ai pas envie de passer à la caisse tout le temps. Parfois, on est plus efficace en se préservant et en contournant l’obstacle qu’en y allant frontalement. La vie est ainsi faite qu’elle nous oppose toujours des contraintes, des limites. Nous pouvons briser ces barrières, mais force est de constater que la société n’évolue pas aussi vite que certains individus avant-gardistes. Etre réaliste c’est donc prendre en compte la totalité d’une situation. Pas seulement son envie.
Si je me faisais violer parce que j’ai voulu passer seule et alcoolisé la soirée chez un inconnu, en quoi cela me rendrait-il plus féministe ?
Il faut que les femmes affichent et revendiquent leur liberté. Mais, si je me faisais violer parce que j’ai voulu passer seule et alcoolisé la soirée chez un inconnu, en quoi cela me rendrait-il plus féministe ? La question est peut-être mal posée mais ce que je veux dire c’est que, même si ce n’est absolument pas de ma faute, est-ce que j’ai pour autant été intelligente de m’octroyer cette liberté sachant le risque que je prenais ? Je sais que c’est révoltant de ne pas pouvoir être totalement libre mais le sommes-nous jamais vraiment ? Dans quelque domaine que ce soit, rien n’est jamais parfait ou “total”. Nous avons toujours des contraintes, du fait même de devoir vivre en société. Alors, il faut se battre, oui, mais devrait-on le faire sans réalisme ?
Tant que ce genre d’homme existe, et nous savons combien ils sont encore nombreux, est-ce vraiment utile de prendre ces risques ? A chacune de se demander si cela vaut le coup. Si les libertés invoquées en valent la peine.
La méfiance envers autrui : une notion qui doit être absente du féminisme ?
Le fait est que nous avons un désavantage physique certain face à un homme qui nous agresse (je ne crois pas aux théories du “nous avons le même potentiel physique mais les femmes sont éduquées à se sentir moins fortes“, je crois que nos corps sont inégaux en la matière et qu’il faut faire avec). Or, pourquoi se dire qu’une femme qui prend tous ces risques est absolument admirable de féminisme ?
Est-ce que lutter contre l’objetisation de la femme passe par le fait de se comporter comme si cette objetisation n’existait pas ?
Chez les homosexuels hommes, beaucoup ne se rendent pas chez un partenaire inconnu le premier soir parce qu’ils ne veulent pas se retrouver chez un inconnu qui pourrait être un malade mental. Sont-ils aussi de sombres rétrogrades ? Ils se protègent simplement. Face à la réalité des choses (qui est que, quand on ne connaît pas quelqu’un on se prémunit un minimum et on évite de se retrouver en position de faiblesse comme à poil dans un lit) : ils agissent en conséquence. Alors je pense que le féminisme moderne doit trouver son subtil équilibre, ce qui est loin d’être facile et doit se faire en fonction du curseur de chacun.
Le mien, c’est que je ne suis pas moins féministe qu’une autre si je décide d’être réaliste et d’agir en conséquence.
Est-ce que savoir se poser des limites face à la dure réalité c’est liberticide ou au contraire libérateur ?
Est-ce que ces risques valent la peine au regard des libertés conquises à ce moment-là ?
Est-ce que lutter contre l’objetisation de la femme passe par le fait de se comporter comme si cette objetisation n’existait pas ?
Je sais que certaines me répondront que ce que je dis est inadmissible, que justement le féminisme c’est de se dire “je fais absolument ce que je veux”. Mais n’est-ce pas nier la réalité de la situation ?
L’intimité, un des lieux les plus risqués pour les femmes :
Quand les femmes devaient lutter pour s’imposer dans des professions d’hommes, elles s’exposaient aux insultes, à la répudiation de leurs maris parfois et souvent aussi à des violences (parfois sexuelles) sur leur lieu de travail. Mais, de nos jours, les femmes sont en train de conquérir de nouveaux terrains qui sont ceux de l’intimité, de la sexualité… des terrains parfois bien plus dangereux, plus glissants que d’autres, car non exposés au regard extérieur. Là où la violence s’exerce souvent le plus crûment : dans le lit. Le lit : lieux de tous les fantasmes, de toutes les projections et malheureusement de tous les abus.
Celui qui m’a violée/violentée va-t-il retirer une quelconque “leçon” du fait de m’avoir vu me débrouiller seule ? Non, il restera aussi crétin qu’il ne l’était et au final c’est ma vie qui sera impactée.
C’est dans ce lieu que les hommes peuvent le plus facilement abuser. Le “non” n’est pas clair alors on y va. Les stéréotypes y vont bon train : si elle couche avec des inconnus ramassés dans les bars c’est qu’elle doit “aimer ça. Donc je peux me permettre plus de choses avec elle, c’est un peu une “sous-femme”, “une salope”. Voilà ce que pensent les hommes qui violent et violentent les femmes qui agissent comme si l’égalité homme/femme était déjà conquise.
Voilà la réalité.
Au final, si cela m’arrive, celui qui m’a violée/violentée va-t-il retirer une quelconque “leçon” du fait de m’avoir vu me débrouiller seule ? Non, il restera aussi crétin qu’il ne l’était et au final c’est ma vie qui sera impactée. Donc, est-ce que le but que je voulais atteindre (ma totale liberté) est servi ? Pas sûr…
Alors bien évidemment, dans un monde idéal on pourrait tranquillement dire “mais ce sont aux hommes de s’y faire”, c’est à eux de ne pas être violents, la femme n’a pas à agir, à se plier, à rogner sur ses libertés à cause de crétins rétrogrades. Oui mais en attendant on fait quoi ?
A chacune de décider selon ses convictions.
Personnellement, j’ai choisi d’être féministe tout en me protégeant des hommes qui se comportent encore en prédateurs. D’autres choisissent la liberté totale et je ne juge pas leur choix même si j’en ai fait un autre. La vraie question de fond pour toutes celles qui pensent comme moi est la suivante : quels que soient nos choix, y’a-t-il une stratégie face aux hommes qui soit plus efficace qu’une autre ?
Lectrices, lecteurs, comment vous positionnez-vous face à ce dilemme ?
NB juin 2017 : dans King Kong théorie, Despentes relaie une toute autre thèse : “Camille Paglia est sans doute la plus controversée des féministes américaines. Elle proposait de penser le viol comme un risque à prendre, inhérent à notre condition de filles. Une liberté inouïe, de dédramatisation.” Pensée intéressante à creuser…
NB mai 2018 : je relis mon article et me dis que finalement, peu importe que l’on soit alcoolisée ou pas, vêtue de telle manière ou pas (et c’est aussi ce que prouvent les statistiques), rien ne prmet de se prémunir oud e faire diminuer les chances de viol… La réalité c’est que le violeur peut être n’importe qui qui frappe n’importe quand. Je savais déjà, bien sûr, que les trois-quart des viols ont lieu au sein même de la famille, sur des femmes mineures 50 % du temps
j’oscille entre cette pensée et cette envie de me comporter comme si j’étais totalement libre. Je n’arrive pas à me décider (car je sais précisément que c’est aussi en faisant évoluer nos comportements que les hommes évoluent mais dur-dur de le mettre en application pour autant…)
Pour aller plus loin…
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Bonjour Sabrina,
Tu as raison, je pense, d’adopter cette attitude pleine de bon sens.
Quand j’observe qu’un pays est en proie à une instabilité et des violences extrêmes, je n’y programme pas mes vacances dans l’immédiat, même si théoriquement je devrais être libre d’aller où bon me semble… Je préfèrerais bien sûr que ce pays connaisse l’apaisement et la maturité mais je compose avec son parcours sans impatience et sans « tenter le diable ». Eventuellement sans juger si j’en suis capable.
La vraie liberté est subtile et intérieure, elle n’a pas besoin d’être excessivement brandie comme un étendard à mon avis. Ce qui est constructif est le plus souvent discret et de longue haleine.
Oui, enfin je me pose réellement la question mais ce qui est sûr c’est qu, quoi qu’il en soit, je refuse de prendre certains risques parce qu’au delà de questions “féministe” cela me semble du simple bon sens, comme tu le dis avec ta métaphore 🙂
Et dis donc mister Fabien, je viens de voir ton site puisque tu l’as ajouté à ton profil : super ! Mon fiancé vient d’ailleurs de ta région. Très beau site et je vous souhaite de pouvoir apporter pleins de belles choses aux gens autour de vous.
Merci, échanger, découvrir, apporter parfois et rencontrer toujours est effectivement notre plus cher souhait.
Ravi que le site te plaise, il est tout neuf, on a besoin de retours…
Il est super, je valide ! ^^
Une bombe lacrymogène c’est assez efficace dans l’absolu ^^
Oui, quand on a le temps de la sortir du sac, de bien penser à diriger le curseur vers l’agresseur et pas vers soi et qu’il ne vous la retourne pas contre vous encore plus énervé… Joies du décalage théorie / réalité !
La stratégie la plus efficace face à un agresseur c’est la fuite, quand c’est possible. Si ce n’est pas possible alors il faut se défendre, vu qu’en général le rapport de force physique est plutôt défavorable à une femme face à un homme, une arme défensive peut vraiment tout changer.
Après c’est vrai que pour chaque arme il y’a un maniement à connaitre mais bon c’est vraiment la plus simple et la plus efficace qui existe je pense. Et entre tenter d’éviter un viol et tenter d’éviter d’énerver le violeur, ça vaut le coup d’essayer, après tout un viol ne se passe jamais bien par définition.
Parcontre je ne pense pas qu’il existe vraiment de stratégie à proprement parler pour éviter à 100% une agression, qu’elle soit sexuelle, verbale, physique car en générale c’est l’agresseur qui la provoque.
De plus les violeurs sont des personnes qui ont des problèmes psychologiques/psychiatriques, c’est bien différent de la majorité des cas qui concernent des hommes qui ne savent pas se tenir quand ils voient une fille habillée court.
Oui bien sûr, le violeur potentiel peut se cacher partout c’est bien le problème et oui une lacrymo c’est toujours mieux que rien mais je parlais en connaissance de cause pour avoir déjà vu des gens vouloir s’en servir et que ça finisse à chaque fois en eau de boudin ^^. Pour ma part je me suis faite agresser physiquement plusieurs fois et je n’ai jamais eu le temps de la sortir sous le coup de la surprise (ou attaque par derrière), d’autres que j’ai vu se la sont pshittée dessus (tout stressés par l’agression ils n’ont pas pris le temps de regarder où ils dirigeaient le jet).
le problème devra donc se régler à la racine : l’éducation des jeunes hommes et l’évolution globale de certains codes de notre société mais je reste positive puisque jusqu’à maintenant cela ne fait qu’aller dans le bon sens 🙂
C’est une question intéressante. D’un côté, on a envie de s’habiller.. comme on en a envie, sans que cela provoque de réactions extrêmes. D’un autre côté, les hommes sont différents de nous et réagissent d’une manière que nous ne comprenons pas toujours – ils sont probablement plus visuels que nous ! Ca ne nous viendrait jamais à l’idée de mettre la main aux fesses d’un mec dans le métro. Ca m’est arrivée une fois, me faire mettre la main aux fesses dans la rue, en fin de matinée, en plein Paris ! Sur le moment, bien sûr, j’étais en colère, mais ensuite, j’étais au bord des larmes. Et ma tenue n’était en rien provocante, juste jolie.
Ta réaction est sensée : s’habiller comme on veut quand on n’est pas seule ou dans un endroit non dangereux, mais faire gaffe si on se trouve seule. On ne sait jamais, et les conséquences seraient bien plus difficiles à gérer que décider d’une simple tenue vestimentaire en cas d’agression sexuelle…
J’aimerais vraiment croire qu’il y a du progrès, mais quand j’entends ce que mes filles me racontent du collège où elles vont, comment une fille en jupe peut se faire traiter de pute, quand je vois les droits des femmes régulièrement remis en question, je me dis qu’on vit une sale époque. Mais ce n’est pas une raison pour abandonner 😉
Salut Iza,
Je pense que le féminisme est à un tournant, c’est pour ça que certains thématiques sont exacerbées. Les rapports hommes-femmes en occident pataugent et ont du mal à trouver leurs nouveaux repères suite à l’évolution des femmes (lire à ce propos le génialissime Les femmes s’emmerdent au lit).
Les hommes cherchent leur place, leur repère et nous, nous profitons de certaines libertés et continuons encore de lutter pour bien d’autres : ceux qui ne vivent pas nos luttes au quotidien et les micro -obstacles/humiliations qui jalonnent nos vies de femmes ne peuvent le comprendre et donc parfois s’opposent, veulent nous punir pour ce qu’ils jugent “trop demander” de la part des femmes.
Comme je le disais à Cécilia juste en dessous la question que je me pose en fait c’est : quels que soient nos choix, y’a-t-il une stratégie face aux hommes qui soit plus efficace qu’une autre ?
Salut Sabrina,
Alors à mon avis, ton questionnement “est-ce que faire comme si l’égalité était acquise est utile pour faire avancer les choses” est déjà orienté par ton choix. Clairement, pour toi, la réponse est non et ton article s’en imprègne.
Je suis de celle qui décide de faire absolument ce que je veux, et de mon point de vue ce n’est pas du tout irréaliste ou utopique.
En fait, comme tu le dis toi-même, on sait que la grande majorité des agressions sont commises par des proches (80% des victimes connaissent leurs agresseurs). Donc la plupart des victimes n’avaient pas pris de risques particuliers, et pourtant le pire est arrivé. Je comprends qu’il y a une sensation de contrôle dans ces stratégies d’évitement, mais au bout du compte, on n’a que très peu d’emprise sur le choix que va faire ou non un homme de nous violenter. Pour certaines, cette idée peut être déprimante, personnellement elle est libératrice car elle me délivre de ce poids constant a devoir constamment analyser et m’adapter à telle ou telle situation.
En partant de là, on se rend compte que sortir tard le soir, boire, coucher avec le premier venu, etc…ça n’est pas augmenter les risques de se faire violer, c’est simplement vivre. Et oui, dans le fait de vivre dans notre société en tant que femme, on “prend le risque” d’être violentée.
C’est une problématique intéressante en tout cas, et je pense qu’il est vraiment essentiel que chacune adopte le style de vie qui la met à l’aise. Tu as fait ton choix et si c’est le mécanisme qui marche pour toi, c’est le plus important. De mon cote, j’entends vivre ma vie comme je l’entends parce que c’est ce qui me correspond.
Etre féministe, c’est de décider ce qui est le mieux pour chacune d’entre nous, et de respecter le choix de chacune après tout : )
Cecilia
Salut Cécilia,
Merci d’échanger si cordialement :-). Bien sûr mon article est orienté, je ne peux que présenter mon avis et pas de mal à ça je suis tout à fait ouverte aux autres avis ^^
Je ne peux qu’acquiescer quand tu dis
C’est justement le cœur de mon sujet. Partant du principe que dans notre société il y a des hommes qui font que notre liberté est restreinte/stigmatisée/punie : est-ce que se comporter comme si ces gens n’existaient pas c’est prendre des risques : la réponse est oui. Ce qu’on en fait ensuite c’est un choix.
Sans jugement, je me pose vraiment la question. Est-ce que se comporter totalement librement (et parfois en prenant des risques que même certains hommes ne prennent pas eux-mêmes) fait changer les comportements en face ? (je n’en suis pas sûre vu ce que je vois/entends)
En même temps, je sais que pour celles qui le font la question ne se pose pas (à devoir vivre totalement librement ou pas). Ce qui est énervant dans le féminisme et le fait d’être une femme, c’est de lutter pour conquérir l’égalité sans faire pour autant sa vie sans arrêt en fonction de “l’autre”. Merci pour ton commentaire car du coup, je comprends que ce qui m’interroge vraiment c’est en fait : quels que soient nos choix, y’a-t-il une stratégie face aux hommes qui soit plus efficace qu’une autre ? Ta réponse à toi sera certainement “être libre et vivre sa vie en se disant qu’advienne que pourra” 🙂
Moi je continue de m’interroger…
Salut Sabrina,
Je me disais il y a quelques jours que cela faisait longtemps que je ne t’avais pas lu. Mais je me rends compte que tu écris toujours autant, c’est mon mail qui doit avoir un souci.
Bref, je valide complètement tous tes propos dans cet article. J’en parlai récemment avec une collègue qui est très féministe et je peux te dire que c’était tendu.
J’assume mon corps de femme mais franchement je suis écœurée par le regard des hommes et surtout dans les transports en commun. C’est pourquoi quand je dois prendre les transports seule j’ai toujours un gilet long pour cacher mes fesses et pas de décolleté trop plongeant. Je préfère me prémunir pour ne pas être importunée par des lourdeaux voire me prendre une main aux fesses comme j’ai pu le lire dans certains témoignages.
Alors que quand je dois sortir avec des amis ou ma famille que ce soit en transports ou en voiture je n’hésite pas à mettre des vestes courtes, jupes, etc.
Et pourtant, au fond de moi, ça me révolte à un point fou! Pourquoi suis-je obligée d’en arriver là? Sauf que comme tu le dis à juste titre, je suis consciente du réalisme de la vie et j’ai décidé de faire avec. Malheureusement, certains n’ont pas été éduqués au respect de la femme et donc je m’adapte. Je trouve cela totalement injuste mais je tiens à ma vie et j’estime que ça ne vaut pas le coup de me faire agresser donc je fais profil bas. Je ne le vis pas comme une humiliation c’est mon choix. Comme je me dis qu’une femme habillée court ou trop moulant est courageuse. Chacune vit sa part de féminisme à sa manière.
Cependant, je reste optimiste, pas pour moi mais pour la prochaine génération. Si nous, toutes ces femmes heurtées par ces comportements, éduquons nos fils au respect des femmes, peut-être n’aurai je pas à m’inquiéter pour ma fille quand elle me dira qu’elle rentre tard.
C’est une responsabilité que nous partageons toutes et tous…haut les cœurs, on y arrivera!
Salut Sandra,
Oui je suis optimiste également mais ce que je me demande c’est : est-ce que faire comme si l’égalité était acquise est utile pour faire avancer les choses ? Je ne sais pas…
Le témoignage que tu partages ici est celui de nombreuses femmes. C’est sûr que si on tremblait encore à la moindre remarque d’un homme, que l’on n’osait jamais se rebeller et répondre oui ça ne ferait pas avancer “la cause” puisque les hommes irrespectueux e seraient jamais bousculés mais pour moi quand le risque est celui de vol ou de tabassage la question se pose différemment et je fais partie de celles qui préfère être réalistes pour éviter ces risques. Je ne pense pas non plus que celles qui prennent ces” risques “(qui ne devraient pas en être mais qui aujourd’hui encore le sont malheureusement sur une infime minorité de moments) sont irraisonnés mais c’est leur choix et je les interpelle ici sur le fait qu cela vaille le coup ou pas…
Je m’habille personnellement en jupe au dessus du genou tous les jours (cf. La journée de la jupe… tous les jours !), je parle librement, je souris, je n’ai pas peur mais je en refuse jamais qu’un ami propose de me ramener en soirée, d’ailleurs mon compagnon lui-même raccompagne nos amies en le leur proposant naturellement quand elles peuvent avoir à traverser une zone peu sympathique ou qu’elles ont bu et je trouve ça très bien. Bien sûr cela me désole que l’on ait encore à faire ça en 2016 mais je préfère le faire et- éviter qu’une amie se fasse emmerder ou agresser…
Je trouvais important d’en parler car sur Internet on trouve peu souvent des avis comme le mien alors qu’il représente ce que de très nombreuses femmes pensent sans pour autant être des anti-féministes ou des rétrogrades soumises. J’aime le juste milieu en tout et, même si je considère qu’il ne doit pas être une dictature et que l’extrême peut parfois l’emporter pour le meilleur, je pense que certaines façons de voir le monde tel qu’on voudrait qu’il soit et non pas tel qu’il est ne sont pas des plus “productives”.
Ps : j’ai regardé, tu es bien abonnée à la newsletter “tous articles” depuis mars 2015 mais j’ai beaucoup moins écrit ces derniers temps puisque je rédigeais Métro, boulot, bonheur qui paraît cette semaine ^^
Tu peux regarder les derniers articles par ordre chronologique via la page d’accueil (même si mon design est tout pété en ce moment^^).
Grosse bise et merci de ton gentil mot sur la qualité de mes écrits, ça me fait chaud au cœur !
“A chacune de décider selon ses convictions” – Je suis tout à fait d’accord.
C’est pourquoi personnellement ça ne me choque pas qu’une femme ait des rapports le premier soir. Ca ne veut pas dire que c’est une déséquilibrée ou une moins que rien.
Ca m’est déjà arrivée, pourtant j’ai eu une éducation assez stricte, je me sens tout à fait équilibrée et loin d’être une bécasse. Si je l’ai fait c’est que j’ai estimé que je n’étais pas en danger. Je précise que je ne me suis pas sentie ni meilleure, ni plus intelligente ni plus forte que les autres. C’était juste mon choix à ce moment et je ne le regrette pas.
Dans la réalité des choses, oui je me suis retrouvée à poil dans un lit et en position de faiblesse sûrement mais quand un homme fait ça on dira de lui que c’est un séducteur et une femme une salope. Est-ce normal?
Je suis consciente que j’aurai pu être violentée. Mais ce n’est pas parce qu’une femme dit “oui” pour offrir son corps qu’elle dit oui à la violence sexuelle, corporelle et psychologique. Commençons par écouter, informer, éduquer, alerter sur cela….
Quand à la question du féminisme, chacun à sa définition du mot. Je préfère parler avant tout de RESPECT MUTUEL entre femmes et hommes car moi c’est la vraie “base” si je puis dire. Et il y a beaucoup à faire car certains n’en sont même pas là…
Bien sûr Marine et jamais je ne dis dans cet article (et j’espère qu’on le comprend bien car j’ai pris le temps de choisir mes mots) que celles qui font le choix de ne s’interdire aucune liberté sont des bécasses ou autre.
Bien évidemment que ce n’est pas “normal” qu’une femme qui couche soit une salope et que son équivalent masculin soit un séducteur, c’est là tout le cœur du sujet de l’article : l’égalité n’est pas encore acquise. Et donc, en attendant, quand certaines situations d’inégalité PEUVENT (et n’ont pas “nous mettent systématiquement”) en situation de POTENTIEL danger alors quel choix s’offrent à la femme ? Certaines se disent qu’elles préfèrent être totalement libres et savent qu’elles peuvent POTENTIELLEMENT, dans de rares cas se mettre en danger. D’autres, comme moi, préfèrent éviter ces situations potentiellement dangereuses car elles refusent tout risque.
La question que je me pose c’est : est-ce que cette prise de risque vaut la peine (hormis bien sûr e fait de s’octroyer le fait de vivre totalement librement qui, je le comprends, est le Graal pour certaines, une non-question pour d’autres qui considèrent que l’on n’est jamais, dans aucun domaine totalement “libre” et que ça ne les dérange pas).
Espérons surtout que dans cinquante années nos filles et petits-filles n’aient même plus à se poser la question 🙂
Entièrement d’accord! Je ne suis pas militante féministe malgré tous l’égalité entre homme et femme me paraît être le minimum que nous puissions revendiquer. Mais ce monde reste “gouverné” par les hommes et le machisme de certains est indéniable. J’ai donc appris à mon fils le respect des femmes et à ma fille la nécessité d’être indépendante face aux hommes ( notamment par le travail). Et face à la réalité de notre société, aux prédateurs et divers psychopathes qu’ils pourraient croiser, je leur ai appris à être prudents, ce qui passe, selon moi, par une certaine retenue et discrétion.
Merci pour vos articles très intéressants.
Sonia
Merci Sonia pour ce gentil commentaire.
Je n’exprime que mon avis mais souvent, il fait écho à celui de nombre d’entre nous qui n’osent pas toujours le revendiquer par peur de passer pour de dangereuses rétrogrades. J’accepte totalement que l’on pense différemment mais je pense que certaines pensées féministes modernes pensent trop “plus vite que la musique” et cela n’est pas sans conséquences. Aussi, je pense que nous pouvons conquérir toujours plus de droit sans pour autant trop risquer 🙂