“Les pauvres sont dégueulasses, ils polluent”, c’était le slogan d’une campagne de publicité qui avait fait scandale en 2008. UCAR, société de location de voiture l’avait adopté pour mettre en avant le fait que louer c’est permettre à tous d’accéder à des voitures moins polluantes.
Le slogan, certes provocateur n’est pourtant pas si loin de la vérité. Malheureusement.
C’est ce qu’explique en substance l’article du blog Le Monde “Même pas mal” : “Les plus pauvres sont-ils écolos?”.
En ce moment, près de 60% des français s’inquiètent pour leur pouvoir d’achat. Une étude récente réalisée par le cabinet Ethicity a donc tenté de comprendre comment ceux qui ont les budgets les plus restreints perçoivent le bio et les produits écologiques en général.
” En filigrane, plusieurs questions : quelle perception a-t-on des enjeux durables quand on a relativement peu de moyens ? Consomme-t-on “responsable” quand on a de faibles revenus ? Les français vivant sous le seuil de pauvreté ont-ils conscience des économies réalisables avec l’adoption de réflexes plus écologiques ? Consommer durable, un truc de bobos ?”
Pour reprendre les bases, il faut savoir que sur 100 % des français, 47% cherchent à consommer autrement (plus propre, plus bio) et que 20 % sont “très engagés” dans ce type de consommation. En gros, presque la moitié des français commence à se dire qu’il serait bien de consommer autrement et un quart est déjà à fond pour le bio et Cie.
Par contre, d’après l’étude, ce seraient les français les plus pauvres (et donc qui ont le plus besoin de faire des économies) qui sont les moins engagés dans une consommation bio-écolo.
[…] ceux qui ont besoin de faire des économies sont les moins sensibilisés et font partie de ceux qui agissent le moins“, explique Elisabeth Pastore-Reiss, fondatrice d’Ethicity.[…]
Pourquoi? Et bien d’abord parce que le bio-écolo coûte encore cher et que donc ils se disent “- Si je consomme bio ça va juste pas être possible côté porte-monnaie à la fin du mois” et franchement, faisant partie de cette tranche de la population, c’est une remarque que je me fait régulièrement (d’où ce blog pour vous aider à consommer bio pas cher 🙂 ). C’est vrai qu’avec un budget restreint on est souvent obligé de limiter la quantité d’aliments bio achetés. Personnellement même en n’achetant que des aliments de base (c’est à dire “bruts”, jamais préparés) et en les cuisinant moi-même je ne peux quand même pas acheter tout bio (je dois manger à 40% bio). Alors à ce moment là on feinte grâce à quelques astuces:
– acheter de saison (les fruits et légumes sont alors moins chers qu’ils soient bios ou non d’ailleurs, ce sera toujours mieux qu’un plat préparé ^^)
– acheter les aliments bio les moins chers (flocons d’avoine au petit déj’, pommes, patates…)
– au marché (même si pas bio au moins c’est naturel), acheter les “paniers”, ces petits lots de fruits et légumes abîmés vendus souvent à prix sacrifiés
Du coup ben mon alimentation est parfois répétitive (souvent les mêmes aliments) car qui dit budget réduit dit choix réduit mais bon, je préfère manger un peu bio quitte à râler de pas pouvoir m’acheter tout ce qui me fait envie (fruits exotiques ou viande) plutôt que de me rabattre sur une alimentation industrielle certes moins chère mais tellement néfaste sur le long terme!
Illustration tirée du “Petit guide pour vos amis bios sceptiques” qui se décrit comme suit: “Vous en avez marre d’entendre que la bio c’est cher, ça vient de loin et que
de toutes façons, ce n’est pas la bio qui va nourrir le monde ? Vous trouverez
dans ce petit argumentaire à l’attention de vos amis bio sceptiques quelques
réponses argumentées aux idées reçues qui ont la vie dure…”
L’étude poursuite en disant que “les personnes vivant sous le seuil de pauvreté sont moins nombreuses à considérer le développement durable comme une nécessité (61,8 % contre 68 % pour la moyenne française)”. Ça parait un peu normal : quand tu crèves la dalle y’a un moment où t’as d’autres priorités.
Encore plus grave, l’étude constate que les personnes qui n’ont pas changé leur comportement d’achat ( pour aller vers du plus durable et du plus bio), soit presque 30%, ne l’ont pas fait parce que leur pouvoir d’achat ne le leur permettait pas. Et l’article de préciser que quelques astuces peuvent à ce moment-là venir donner un coup de pouce au budget en faisant faire des économies:
– ne pas jeter systématiquement les produits qui viennent de dépasser la date limite de consommation (et oui, il faut savoir sue les dates limites sont calculées avec des grosses marges pour ne prendre aucun risque, saviez vous par exemple qu’un yaourt se consomme jusqu’à deux semaines après la date de péremption sans risque?) Certains sites mettent à votre disposition des tableaux récapitualtif pour savoir jusqu’à combien de temps maximum après avoir dépassé la date de péremption on peut encore consommer un aliment.
– éviter d’acheter les produits avec beaucoup d’emballages (ils coûtent plus cher à cause de ça, vous payez finalement pour un emballage que vous allez vite retirer et qui en plus n’est pas du tout écologique!)
– maîtriser vos consommation d’énergie (eau du robinet, lumières, veille des appareils électroniques, chauffage, etc…)
Ces gestes simples sont donc d’après cette étude moins bien maîtrisés par les classes sociales les plus défavorisées. Paradoxalement, ceux qui ont le plus besoin de faire des économies sont finalement ceux qui savent le moins en faire (ou à qui ont a le moins appris à en faire).
Ceci dit pour ne pas jeter totalement l’opprobre sur ces “pauvres pas écolos”, il faut préciser que, par manque d’argent quand même, les plus pauvres sont ceux qui consomment le moins (donc qui ont une empreinte écologique moindre). En tout cas moins élevée que les plus riches qui se procurent tous les derniers gadgets à la mode et les dernières décos tendances. Les plus pauvres achètent moins de viande, privilégient les achats en grande quantité (donc moins d’emballages) et utilisent plus les transports en commun ou doux (vélo, à pied).
La conclusion de cette étude pour permettre aux “pauvres” d’éviter une “double peine” (ne pas pourvoir consommer ce qu’ils veulent en quantité comme en qualité)? L'”évolution des modes de vie”, l’éducation, et la sensibilisation face à ce public qui parce qu’il ne peut se permettre un écart doit rester “plus méfiant” dans sa consommation.
“Il faut montrer en quoi la consommation durable a des bénéfices économiques et sert la qualité de vie” conclut Elisabeth Pastore-Reiss. Il faut des messages clairs et concrets. Comme cette population est plus méfiante, nous devons apporter des preuves de ce qui est affirmé”
D’ailleurs “d’une manière générale […] en dehors des produits alimentaires, 48,5 % des personnes sous le seuil de pauvreté pensent qu’il y a trop de choix de produits durables, responsables ou verts ; contre 37,9 % pour la moyenne des Français. ”
Il faut donc que les entreprises apprennent à prendre en compte le critère économique dans leur discours publicitaire concernant les produits verts, au risque d’être mal perçus par les consommateurs les moins aisés qui se sentiront alors exclus, mis de côté. Pour être crédible face à un consommateur qui devra déjà faire un effort budgétaire en décidant de prendre le produit vert (et non pas l’autre proposé bien moins cher juste à côté dans le rayon), les entreprises vont donc devoir montrer qu’elles sont capables de proposer des produits écolos au juste prix.
Qui ne s’est jamais retrouvé devant un rayon, tiraillé entre sa conscience et son porte-monnaie? Souvent chez moi la conscience l’emporte parce que j’estime que ma santé est plus importante que tout, mais je ne sais pas comment je ferais avec 4 bouches supplémentaires à nourrir…
Voici d’ailleurs une petite sélection de livres pour apprendre à consommer bio et pas cher qui pourraient vous intéresser:
– “Manger bio c’est pas cher !” de France Guillain
– “Manger sain pour trois fois rien” de Claude et Emmanuelle Aubert
Et vous, quel est votre rapport au bio?
Trouvez-vous cela trop cher ou préférez vous quand même consommer moins mais mieux?
Quelles sont vos astuces pour consommer écolo et pas trop cher?
[…] vous en parlait il y a deux ans, « les pauvres ne sont pas bio« , c’est ce que semble malheureusement confirmer cette étude. Manger bio ça […]
[…] vous en parlait il y a deux ans, "les pauvres ne sont pas bio", c’est ce que semble malheureusement confirmer cette étude. Manger bio ça coûte […]
Superbe article ! Bravo.
Je ne pense pas que le bio soit si cher, simplement c’est ce qu’on a inculqué dans la têtes des gens à cause des grandes surfaces qui font du bio mais qui doublent les prix.
A long terme le bio est bien moins cher puisqu’il favorise une bonne santé, donc moins de frais médicaux. Il favorise aussi à garder un environnement sain, et donc encore une fois cela fera des économies à long terme. Bio ne veut pas dire du bio du super marché, où les produits sont sur-emballés et viennent de l’autre bout de la planète ! Il existe des amaps pour manger local et bio, sans intermédiaire et du coup bcp moins cher. Il existe aussi des ruches (http://www.laruchequiditoui.fr/) qui permettent également ça et c’est vraiment sympa et convivial, en plus celui qui en tient une reçoit de l’argent. Faire moins d’enfants aussi permet de faire des économies et d’être plus écolo 🙂 Et comme tu le soulignes bien, le covoiturage, les transports en commun, la marche à pied sont des transports durables pour la plupart et bcp moins cher que d’avoir une voiture. Etre écolo aussi, c’est de produire ces produits soit-même comme la cosmétique, les produits ménagers etc… Et cela coûte bcp moins cher que d’acheter des marques de grandes surfaces : on utilise des matières premières écolos et bio et on peut créer le produit qui nous correspond à 100%. Il y a également de nombreuses astuces pour créer à partir de récup de déchets : j’ai fais récemment des emporte-pièces moi-même sans avoir besoin d’en acheter pour faire des petits gâteaux grâce à des canettes. Tout comme toi je cuisine tout et cela me revient bcp moins cher et au final c’est bien plus écolo et économe puisqu’il n’y a pas d’emballages et qu’il n’y a pas le coût de la préparation. Les économies d’énergies et d’eau sont écolo économe… Bref plein plein d’astuces ! Je mange majoritairement bio, je vis en Suisse, j’ai pas de travail ni de chômage, autant te dire que j’ai un budget très restreint et je pense que je suis bien plus écolo qu’un riche qui se dit écolo 😉
Wahou! Superbe commentaire également 🙂
Que dire de plus? Ben tout pareil!Ha!Ha!
Je pense vraiment qu’on peut consommer mieux pour pas cher, c’est juste un chamboulement dans l’organisation, mais on y prend bien souvent beaucoup de plaisir au passage (perso je ne me déplace qu’à vélo, je fait au maximum mes cosmétiques, je découvre des nouvelles recettes, de nouveaux aliments) et j’aime ça! Bien sûr parfois ça me demande plus d’efforts que de “faire comme tout le monde” (je met entre guillemets parce que quand même il faut bien le dire ça change de plus en plus :-)) mais au final ça me rend très heureuse de ma vie et très fière de ce que je fait 🙂
Ne pas tout détruire sur son passage (sur Terre), penser aux autres, à soi et vivre en accord avec ce qui nous entoure c’est juste le top!